mercredi 26 janvier 2011

31 - REFLEXIONS SUR L’ENTREPRISE INTELLIGENTE

31 - RÉFLEXIONS AUTOUR DE L’ENTREPRISE INTELLIGENTE
Par Clark G. KHADIGE, dba, desg
(JCB 1934 – 2012)

ABSTRAITS
Dans l’ère de la globalisation totale des marchés, évoluer nécessite la capacité de savoir, de pouvoir et de vouloir changer d’abord, et de se démarquer des autres, ensuite. La logique du Management du XXIe siècle conduit à mettre en place une nouvelle dynamique managériale et organisationnelle, qui sera l’amorce d’un schéma d’entreprise soucieuse d’apprendre constamment et d’évoluer vers le concept de l’Entreprise en premier lieu Performante et en second, Excellente, si on considère ce dernier qualificatif comme état l’état suprême d’inégalité. Mais ce processus ne pourra se faire que s’il est accompagné de réflexion sur une identité, sur une vision du futur et sur une mise en pratique de valeurs et d’une éthique managériale autres que celles qui prévalaient auparavant dans la plupart des grandes entreprises des XIX et XXe siècles.

MOTS-CLÉS
Existence – Concurrence – Compétitivité – Intelligence – Apprentissage – Connaissances

ABSTRACTS 
In the era of the total globalization of markets, evolving requires the capacity to know how to, to can and to want to change first, and to be different from others. The logic of the XXIst century Management drives to put a new managerial and organizational dynamics in place, that will be the bootjack of a diagram of any organization anxious to learn constantly and to evolve in the first place toward the concept of the Efficient Organization and in second, the Excellence in Organizations, if one considers this last qualifier as the supreme state of in equal competency. But this process can only be if accompanied by a deeper reflection on an identity, on a vision of the future and on a setting in practice of values and managerial ethics, different from those that prevailed before in major previous organizations of the XIXth and XXth centuries. 
 
KEYWORDS 
Existence - Competition - Competitiveness - Intelligence - Training - Knowledge   

Avec un enjeu stratégique aussi important que celui de développer des performances globales dans un contexte de nouvelle économie, il existe, d’abord, une nécessité d’une profonde transformation des mentalités et des pratiques de management. Or, ceci n’est pas difficile à concevoir si toute Entreprise se met à réfléchir sur elle-même et tente de répondre aux questions suivantes :


Ø  Que sommes-nous, aujourd'hui, dans l'espace de la globalisation ?
Ø  Où étions-nous à nos débuts et que sommes-nous devenus ?
Ø  Que voulions-nous hier et que voulons-nous aujourd'hui ?
Ø  Que voulons-nous pour demain ?
Ø  Qu'avons-nous fait ?
Ø  Sommes-nous innovateurs ou suiveurs ?
Ø  Qu'avons-nous appris ?

Il y a donc référence à faire à l'expérience passée. Celle de l'Entreprise depuis sa création, se doit d'être ajoutée à celle des autres, parce que toute réflexion nécessite une part de comparaison et parce que toute évolution ne peut se faire solidement sans considération de ce qui a été réalisé par les autres. En quelque sorte, concevoir l'évolution comme un processus de vase communicant : apprendre des autres autant qu'apprendre aux autres. L'analyse de la concurrence est fructueuse.
Ce défi constant, incontournable pour les entreprises en quête d'évolution, de diversification, de vision du futur, pose une problématique particulière : comment concevoir une interactivité managériale moderne reliant la gestion interne aux impératifs économiques externes ?

En un mot, poser la problématique du changement, du développement durable, de la valeur constante et de l'Intelligence !

L'INTELLIGENCE ET L'ENTREPRISE

Dès lors, le sujet de l'intelligence en entreprise, c'est-à-dire  "l'aptitude d'un groupe d'individus travaillant dans une même société à appréhender et organiser les données de la situation, à mettre en relation les procédés à employer avec le but à atteindre, à choisir les moyens ou à découvrir les solutions originales qui permettent l'adaptation aux exigences de l'action" peut être défini comme la capacité que ces individus ont de collecter, de modéliser et d'exploiter un ensemble de connaissances nécessaires au management d'une entreprise.

Cependant, quelles formes l'Intelligence peut-elle prendre ? En nous référant aux divers ouvrages écrits sur le sujet, nous pourrions identifier ces formes en fonction des qualificatifs attribués et qui ont déjà fait sujets d'ouvrages:

Ø  L'Intelligence Emotionnelle de GOLEMAN (1995)
Ø  L'Intelligence Economique par ACHARD  (1998), BERNAT (1998), BLOCH (2000), BOURNOIS (1999-2000), LEVET (2000),  DARANTIERE (1997), BOUCHET, GUILHON (2007), etc.
Ø  L'Intelligence Compétitive par  DE FOUCAULD (2004), DE LINARES (2003),  SALMON (2002), etc.
Ø  L'Intelligence Collective par ZARA  (2004), VACHEYROUT (2003), NOUBEL (2004), MARQUIS (2003), etc.
Ø  L'Intelligence Créative, par ROWE (2004), etc.
Ø  L'Intelligence Morale par LENNICK (2005), KIEL (2005), etc.
Ø  L'Intelligence Artificielle par LAUNET (1987), DEBLEDS (2003), etc.
Ø  L'Intelligence Relationnelle par PIERSON (2003)
Ø  L'Intelligence Sensible par CAYOL (2003)
Ø  etc.

Dans une recherche précédente[1], nous avions proposé 219 formes réunies dans un glossaire des termes et qualificatifs. Au fur et à mesure du développement des recherches effectuées, ce glossaire  en contient près de 250. L'objectif n'était pas de catégoriser ces qualificatifs pour en faire une bible référentielle, mais de mieux définir, et donc de mieux comprendre, l'action de l'Intelligence en entreprise dans des situations déterminées, puisque nous y considérions l'Intelligence comme un catalyseur de l'interactivité managériale.

De là et considérant les travaux déjà entrepris dans les différents ouvrages que nous avons consulté, le concept de l'Intelligence d'Entreprise, et ceux d'Intelligence de l'Entreprise et d'Intelligence en Entreprise prenaient forme. Ajoutons que la caractéristique de recherche et d'analyse ont, plus tard, aussi apporté les qualificatifs d'Entreprise Apprenante et d'Entreprise Intelligente.

L'ENTREPRISE INTELLIGENTE

Parler d'Entreprise Intelligente c'est, dans une certaine mesure, prendre un grand risque. Ce risque est de considérer l'entreprise comme une entité humaine, dotée d'Intelligence. Ce qui n'est pas le cas puisqu'une entreprise est quelque chose d'abord de virtuel, d'intangible,  et, ensuite, un concept constitué d'éléments humains, matériels, physiques et financiers en constante interactivité sous l'influence de facteurs économico-politiques et d'une quantité d'informations récoltées en fonction d'objectifs divers.

En management,  on pourrait tenter d'appliquer ce terme d'Entreprise Intelligente de façon à monopoliser les compétences existantes et de faire fonctionner les activités dans un but dépendant des objectifs que peut se donner l'entreprise. On rejoindrait, ainsi quelque part, le concept de l'Intelligence Collective que mains auteurs ont développé avec intérêt.

Le concept de l'Entreprise Intelligente est donc vaste. 

Comparant entre l'entreprise intelligente et l'entreprise classique, Landier a expliqué que la première utilise les connaissances et l'expérience de l'individu/l'équipe et les rend accessibles et utilisables au sein de toute l'entreprise, alors que la deuxième préserve avec jalousie des structures conservatrices qui l'empêchent d'adhérer pleinement aux mutations que traverse le monde entrepreneurial actuel.

On pourrait aussi interpréter la pensée de Landier en considérant que le premier type d'entreprise adopte le principe de l'intelligence adaptatrice tandis que le second reste ancré dans la croyance que l'intelligence classique et l'intelligence générale sont les bases les plus solides pour l'évolution constante. D'ailleurs, n'ont-elles pas déjà fait leurs preuves ?

La compétence : le savoir-faire. Ainsi suivant la pensée de Pierre Gédéon[2], la compétence commence par l'acquisition et l'apprentissage des connaissances en prenant en considération trois éléments d'importance :

Ø  La capacité, (skills), donc le comment-faire,
Ø  L'aptitude, (habilities), donc le pouvoir-faire et le potentiel d'apprentissage, 
Ø  L'attitude, (behaviour), c'est-à-dire le comportement volontaire, donc le vouloir-faire.

Il existerait donc un savoir, un pouvoir et un vouloir nécessaires, sinon primordial, à la réussite du projet d'entreprise. Par contre, dans la pensée d'Elie BASBOUS[3] l'approche se réfère à une considération ontologique dont le point de départ est le savoir-être.
De là, découle le Savoir, le savoir-faire et le savoir-faire-faire. Les deux points de vue se rapprochent ainsi dans la relation Apprentissage-Enseignement, que l'on pourrait, à la limite, associer à l'Entreprise Apprenante et à l'Entreprise Intelligente.


L'entreprise intelligente[4] est celle qui va savoir prendre en considération ces facteurs et pouvoir retourner l'action de ces facteurs à son avantage. C'est l'intelligence influente qui va  agir sur des opinions, des comportements et même (pourquoi pas?) sur des situations concurrentielles. Influencer des marchés c'est leur permettre de prendre de nouvelles orientations aux bénéfices du marché et de l'entreprise.

Elle est donc celle qui sait collecter, catégoriser, diffuser et gérer les connaissances acquises de sources différentes comme la recherche marketing, l'expérience individuelle et la culture dans son sens académique, général et professionnel. On constitue, alors, une nouvelle force, une ressource stratégique qui peut être décisive: l'information.

Finalement, qu'est-ce qu'une entreprise intelligente ? Question assez délicate puisqu'on donne à une entité inerte[5] un qualificatif d'action. 

Plusieurs articles ont été publiés à ce propos et montrent qu'une entreprise est intelligente quand elle comprend qu':

-     il existe un écart de pensée entre ce qui est et ce qui a besoin d'être[6], donc un passage forcé par l'intelligence réaliste et l'intelligence projectrice
-     elle gère mal ses banques de données, donc une mauvaise maîtrise de l'intelligence économique
-     elle ne sait plus considérer le facteur temps dans ses stratégies managériales, donc une certaine faiblesse dans l'usage de l'intelligence rationnelle
-     elle se concentre trop sur la croissance des profits aux dépends d'une flexibilité structurelle, donc mauvaise utilisation de l'intelligence financière vers des buts à courts termes et ceci surtout dans l'application de stratégies Hit and Run, qui consistent en l'introduction d'un produit, le vendre dans des délais très courts et ne plus le réimporter quel que soit l'impact produit
-     elle doit constamment apprendre de ce qu'elle fait, de ce qu'elle dit, de ce qu'elle produit, de ce qu'elle entend, des études qu'elle conduit et de ce que l'intelligence économique lui apporte.

L'Entreprise Intelligente, est celle qui intègre la technologie au développement de ses activités.

Evoluer intelligemment nécessite la capacité de savoir, de pouvoir et de vouloir intégrer la technologie nouvelle, aussi bien au niveau de l'équipement technique que de celui de la communication, car la technologie d'aujourd'hui est facteur de production, de productivité et de développement.

Les grandes entreprises peuvent-elles bénéficier de telles propriétés ou sont-elles définitivement condamnées par leur masse[7]? Peuvent-elles devenir aussi réactives, flexibles, transparentes, sensibles et créatives que nécessaire?

Iront-elles même plus loin, vers le concept de l'entreprise intelligente? Cela est non seulement possible, mais nécessaire pour son efficacité, sa survie, son bien-être et celui de la société humaine.

Mais le concept de l'entreprise intelligente est vaste. Il inclut plusieurs nuances, ou perceptions, qu'il serait bon de définir et de comprendre. L'ajout de certains qualificatifs va donner des significations diverses, distinctes et différentes au terme Intelligence[8].  L'intelligence de l'entreprise serait donc, dans un premier temps, de définir et de déterminer toutes les formes d'intelligence qui lui permettront d'atteindre ses objectifs.

L'Entreprise Intelligente face aux Ressources Humaines

D'autre part, du point de vue  management en général, la structuration et surtout la légitimité de la fonction "Développement des ressources humaines" constituent une étape fondamentale préliminaire pour faire évoluer progressivement l'entreprise vers des processus d'apprentissage. Les sources de cette réflexion émergent de l'analyse des informations que la Veille  Stratégique fournit à l'entreprise sur l'accroissement des capacités d'innovation technologique, économique et commerciale et l'amélioration de la compétitivité. C'est pourquoi l'entreprise classique a besoin de se transposer en entreprise intelligente.

Le capital humain, première ressource stratégique de l'entreprise, est le principal «capital potentiel[9]» de développement. Investir dans les hommes, revient donc à investir - et c'est là une évidence…oubliée - dans le développement de l'intelligence collective, donc dans l'entreprise intelligente, en parallèle avec d'autres investissements dans la technologie de pointe.

Enfin, la logique de la fonction Développement des RH conduit à mettre en place une nouvelle dynamique managériale et organisationnelle, qui sera l'amorce d'un schéma d'entreprise apprenante soucieuse d'évoluer dans le concept de l'Entreprise Intelligente. Mais ce processus ne se poursuivra que s'il est accompagné de la mise en pratique de valeurs et d'une éthique managériale autres que celles qui prévalent actuellement dans la plupart des grandes entreprises


L'ENTREPRISE APPRENANTE[10]

Face à des situations de plus en plus complexes, apprendre[11] est devenu, pour l'entreprise, le meilleur moyen de rester compétitif. Cependant, l'esprit de compétitivité dépend d'une réflexion sur l'état et la réaction de l'environnement externe. L'intelligence économique fournira suffisamment de données sur ce qui se passe au dehors, et la collecte des données va nécessairement impliquer une situation de révision des forces internes, des concepts stratégiques et introduire obligatoirement des besoins d'apprentissage.

L'entreprise doit donc développer une sorte de culture apprenante, dans laquelle chaque élément humain devra refaire ses comptes en termes de connaissances professionnelles et de compréhension des termes de relations qu'il a établi entre lui et ses collaborateurs d'une part,  entre lui et ses  tâches, de l'autre, et, finalement, entre ses activités professionnelles et l'environnement externe en fonction des objectifs qu'il s'est lui-même fixés (ou qu'on lui a fixés). En un mot, il lui faudra optimiser son potentiel de connaissance et d'expertise grâce à de nouvelles données et aussi grâce à une Intelligence Transactionnelle secondée par l'Intelligence Relationnelle qu'il aura développé individuellement dans les diverses relations qu'il aura su établir sur le marché.

Inévitablement, il devra faire part de ses réflexions et échanger avec les autres. L'Intelligence Collective et l'Intelligence Relationnelle auront ici une forte influence  puisque l'ensemble des échanges permettra à l'entreprise de mieux se situer dans un environnement constamment soumis à des facteurs inattendus de bouleversements économique, politique ou social, en termes de forces, de faiblesses et d'Intelligences nécessaires pour comprendre la complexité des situations et devenir, dans des délais assez courts, une Entreprise Intelligente.

Toute entreprise a donc constamment besoin d'apprendre. Qui n'avance pas, recule ! Toute entreprise qui ne se contente que de ce qu'elle sait ne peut plus percevoir les modifications dont elle a besoin en fonction des changements extérieurs. A cause de cette «myopie» apparente,  elle perdra donc du terrain, des parts de marché, une notoriété difficilement obtenue et devra soit se réadapter soit fermer. C'est l'Intelligence Réaliste qui devra lui faire prendre conscience non pas de ce qu'elle est, mais bien certainement de ce qu'elle est devenue.

Il y a donc un pas à faire. L'Intelligence Décisionnelle lui inspirera, sinon l'obligera, à faire un choix parmi les informations les plus importantes, de trancher sur différentes alternatives et, finalement, de développer, dans un premier temps, ses banques de données, fonctions des résultats fournis par:

-     L'Intelligence Economique : recherche et collecte des informations
-     L'Intelligence Artificielle : traitement des données
-     L'Intelligence Capitalisante : valeur, validité et importance du 'capital informations' et connaissances
-     L'Intelligence Relationnelle : tout lien, toute relation est source d'information et de réflexion,

Dans cet ordre de choses, il faut voir l'apprentissage comme faisant partie intégrale du changement. Changer nécessite d'apprendre, apprendre nécessite du temps, donc changer nécessite aussi du temps. Il faudra intégrer la gestion de l'apprentissage et créer un «…management de l'apprenance en rupture totale avec l'idéologie hiérarchique et du pouvoir taylorien, qui sera source d'un nouveau paradigme du changement impliquant les potentiels humains dans la création de valeur pour l'entreprise apprenante[12]».


CONCLUSION :

La nouvelle économie, par ses objectifs de changement et de développement durable, a été accompagnée par des déréglementations plus ou moins brutales mais néanmoins nécessaires, et amené les entreprises à se battre autour de multiples secteurs. Des risques significatifs sont à prendre et l'abandon des acquis de compétence freinerait fortement les différents niveaux de flexibilité, de croissance et de rentabilité : savoir faire en matière de qualité, de valeur ajoutée, capacité d'adapter ses compétences particulières aux besoins de nouveaux défis ...

Le potentiel de croissance n'est limité que par l'esprit humain et non par des contraintes environnementales et dépend fortement de la capacité d'une entreprise à répondre aux défis quotidiens. Il y a donc, une fois de plus, à considérer un changement dans la mentalité managériale.

L'Entreprise n'est donc plus simplement un collecteur d'informations et un gestionnaire d'actifs physiques. Par son constant souci d'apprendre et de réaliser dans l'optique du succès, elle devient une « Entreprise Intelligente ».


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ARCHIER G., ELISSALT O., SETTON A., (1989) - Mobiliser pour réussir- Seuil, Paris.
BASBOUS E., (1999) – Thèse Doctorale - éthique MANAGERIALE – Propositions pour une approche multidimensionnelle - UNIVERSITE  PANTHEON – ASSAS, PARIS II.
C.J.D. (1996) - L'entreprise du XXI siècle - Flammarion, Paris.
Drucker, P. F. (1981)- L'entreprise face à la crise mondiale - InterEditions.
GRUERE, J.P. (1997) - Management aspects humains et organisationnels- PUF, Paris.
HAMMER, M., CHAMPY, J. (1993) - Le Reengineering. Réinventer l'entreprise pour une amélioration spectaculaire de ses performances - Dunod.
HUMBLE, J. (1975) - L'audit social au service d'un management de survie- Dalloz.
JACOB, G. (1994) - Le Reengineering de l'entreprise: l'entreprise reconfigurée-. Hermès.
LECERF, O. (1988) - Convictions d'un chef d'entreprise.
Likert, R. (1967) - The Human Organization: its Management and value- McGraw Hill, New York.
MINTZBERG, H. (1979) Organizational Power and Goals: a skeletal theory. In SCHENDEL, D.E., HOFER, C.W. (eds) - Strategic management : a new view of Business Policy and Planning - Little, Brown and Co, Boston, 1979.
PINCHOT G. et E., – "The Intelligent Organization" – www.askjeeves.com.






[1] Tiré de KHADIGE C., (2008) – L'intelligence d'entreprise : vers une catégorisation intelligente des entreprises – Thèse Doctorale – Université Paul CEZANNE – Aix Marseille III -

[2] Ancien doyen de la Faculté de Génie Informatique de l'Université des Peres Antonins, (Beyrouth – Liban), lors d'échanges sur le sujet des compétences dans l'éducation. NDA.
[3] Pr Elie BASBOUS, HDR, directeur du Programme Master à la Faculté de Gestion et de Finance de l'Université La Sagesse, (Beyrouth – Liban) lors d'échanges sur le concept du comportement managérial.
[4] Le concept de l'entreprise intelligence sera développé dans le chapitre 2.
[5] Comprendre le terme "entité inerte" comme étant dépourvue de toute faculté d'opération individuelle sans l'apport de l'homme.
[6] PINCHOT G. et E., – "The Intelligent Organization" – www.askjeeves.com.
[7] NOUBEL, J-F, – op.cit.
[8] Voir le Glossaire des termes qualificatifs de l'Intelligence, en fin d'ouvrage.
[9] Les ressources humaines sont un capital inestimable pour l'entreprise quand les compétences sont réelles et efficaces.  Investir donc dans leur développement  est, plus que souvent, bénéfique à la stabilité et à l'évolution constante de l'entreprise vers un  état  de performance et de compétitivité totale confirmant ainsi l'Avantage Managérial Unique acquis par cette entreprise.
[10] KHADIGE C., L'Intelligence d'Entreprise, vers une catégorisation « intelligente » des entreprises- Thèse doctorale – Université Paul CEZANNE, Aix Marseille III – Décembre 2008.
[11] fmk consulting - www.fmk-consulting.com
[12] BELET D.,

30 - REFLEXIONS SUR L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE


Par Clark G.KHADIGE, dba, desg


L'intelligence économique qui se définirait comme l'aboutissement, l'organisation des diverses disciplines liées à la recherche et à la gestion de l'information dans le but de cerner précisément l'environnement concurrentiel de l'entreprise. Mais pour beaucoup, IE est synonyme d'espionnage industriel puisque la collecte d'information utilise tous les moyens légaux et illégaux possible.

Il est, cependant nécessaire, sinon primordial, de rappeler la place et l'importance prise par l'information dans la vie de l'entreprise. Collecter, rechercher, approfondir et diffuser sont des actions constantes qui se sont accrues tant en volume, qu'en diffusion et qu'en rapidité d'acquisition parce que les marchés  s'ils n'évoluent pas, ni ne régressent drastiquement, restent quand même en constant bouleversement. C'est ce bouleversement des données composantes qui sont la source principale des informations dont a besoin toute entreprise et qui se retrouvent au cœur du concept stratégique de la pensée managériale.

Au-delà de cette activité de réunion et de collecte d'éléments informatifs, il reste à l'entreprise à pouvoir gérer leur flux incessant. Il s'agit d'identifier ce qui est nécessaire, valable, important et prioritaire. Il faut donc catégoriser, sélectionner, organiser et traiter. Ainsi, l'intelligence économique permettra de formuler un certain choix stratégique et concevoir, en conséquences directes, des alternatives immédiatement disponibles et applicables. La nature même de ses activités ouvre la porte à la prise de conscience d'enjeux décisifs que seule une investigation approfondie des environnements concurrentiels, de leurs facultés d'adaptation, de leur flexibilité et de leurs mouvements incessants, permet de connaître.

Quand on pense intelligence économique, on pense d'abord matière grise, c'est-à-dire réflexion, analyse et résultats et ensuite application sur des enjeux et objectifs économiques. On ouvre alors aussi une porte vers le jeu des influences[1]. Ainsi, la Communication, et les moyens technologiques dont elle dispose, a profondément modifié la nature de l'environnement de l'entreprise.  Une compétitivité accrue, exacerbée par le développement du renseignement à usage économique, et associée à une gestion en temps réel des sources mondialisées d'information, conduit les acteurs économiques internationaux à une nécessaire adaptation[2].

Pour diffuser les informations avec le plus d'efficacité possible, les chefs d'entreprises qui se sont penchés sur le problème de l'efficience de la Communication, ont opté soit pour le développement des ressources humaines à travers la formation, le training, les séminaires de perfectionnement et les réunions d'analyses communes, soit en tentant l'échange d'informations entre les membres des équipes, puis entre les équipes elles-mêmes,  soit encore entre les entreprises d'un même groupe, (holding ou association professionnelle).
Dans cet ordre de choses, les entreprises doivent faire face à des problèmes nouveaux :
Ø  L'échange d'informations entre les membres d'une même équipe bute sur la nature humaine : comment le créer entre gens qui ont des difficultés à s'entendre du fait de différences culturelles, professionnelles, personnelles, ethniques et religieuses ?
Ø  L'échange d'information entre équipes soulève un autre problème : celui de la compétitivité et de la concurrence voulue au sein d'une même entreprise. Ajoutons aussi que, souvent, la réticence à cet échange est causée par la propre expérience de chacune des équipes et que la perception et l'approche des problèmes et situations est différente de l'une à l'autre.
Ø  L'échange d'informations entre entreprises au sein d'un même holding est d'autant plus compliqué, puisque la plupart du temps ces entreprises ont des activités différentes et que leur analyse des facteurs économiques, sociaux, culturels et politiques est dépendante de l'état environnemental où elles opèrent.

Quel que soit le type d'échange il est impératif de pouvoir créer des outils efficaces de gestion adaptés à l'IES, l'intelligence économique stratégique[3].

L'intelligence économique stratégique pourrait donc se définir comme un ensemble d'actions coordonnées de recherche, de traitement, de distribution et de protection de l'information utile aux acteurs économiques, et obtenues en toute légalité. Elle implique donc de :
Ø  S'informer par tous les moyens donc, comprendre l'environnement pour mieux agir,
Ø  Appréhender les stratégies des concurrents pour anticiper sur les marchés du futur et prendre les meilleures décisions.
Elle prolonge les différentes actions de la veille et de protection du patrimoine en intégrant précisément les stratégies d'influence et les réalités culturelles liées à chaque entreprise, à chaque région[4]. 
Pour l'AFDIE (Association Française pour le Développement de l'intelligence économique – 1996), l'intelligence économique est :
 « Une dynamique de construction collective fondée sur la conviction et la responsabilité de tous, qui consiste en l'appropriation de l'information en vue d'une action économique, immédiate ou ultérieure. Fondée sur le principe de coordination, elle s'accompagne d'une évolution profonde de la culture d'entreprise et de la capacité de construire l'avenir face à des évènements incertains. Elle permet de tirer parti des avantages stratégiques pour construire un avantage concurrentiel performant durable».

LE CONCEPT DE L'INTELLIGENCE ECONOMIQUE

L'intelligence économique est « La capacité dynamique d'un ensemble d'acteurs économiques – au service d'un intérêt communautaire – à maîtriser collectivement l'information utile à la pérennité et au développement de l'entreprise, ainsi que de chacun de ses acteurs ».

Elle se caractérise par quatre fonctions majeures :

Ø  La maîtrise du patrimoine Scientifique et Technique,
Ø  La détection des menaces et des opportunités,
Ø  L'élaboration des stratégies d'influence au service de l'entreprise,
Ø  La mise en œuvre de pratiques d'influence.

Elle constitue un outil d'interprétation permanente :
Ø  De la réalité des marchés,
Ø  De l'environnement de l'entreprise,
Ø  Des techniques et technologies,
Ø  Des modes et courants de pensée des concurrents et des partenaires de l'entreprise,
Ø  De leur intention et de leurs capacités à les mettre en œuvre.

Cependant, l'intelligence économique puise son énergie de la Veille Stratégique.


L'INTELLIGENCE ECONOMIQUE : UNE NOUVELLE ORIENTATION

Système nerveux de l'entreprise, les systèmes d'information se positionnent de plus en plus comme l'élément central des stratégies des organisations. En tentant d'améliorer la compétitivité de l'entreprise, ils redessinent l'organisation de l'entreprise en optimisant les processus. Nous vivons une période de transition où l'ensemble des échanges économiques et culturels va peu à peu être transféré au sein d'une infrastructure d'information globale, où les organisations seront constituées de systèmes complexes et temporaires d'interactions entre différentes technologies de l'information. Les systèmes d'information représentent donc un facteur de création de valeur pour l'entreprise.

Dans ce cadre précis, l'intelligence de l'entreprise est apparue comme un sujet nécessaire à traiter puisque souvent modélisée par l'intelligence artificielle, pour en dégager un outil BIS, (Business Intelligence System), indispensable à la prise de décision et aussi au concept de l'intelligence décisionnelle.

Formuler le thème de l'intelligence de l'entreprise reste encore une démarche délicate. En effet, le sujet souffre toujours d'une image négative, sur laquelle viennent se greffer des relents d'espionnage et de méthodes illicites. Malgré les nombreux ouvrages qui tentent de banaliser le concept, parler d'intelligence d'entreprise reste tabou, et faire témoigner les entreprises qui la pratiquent s'avère toujours difficile, sinon impossible.




REFERENCES  BIBLIOGRAPHIQUES


BLOOMSBURY, Publishing Plc. (2002). Business, The Ultimate Resource. London Press.
BOURNOIS, F. (1999/2000). Intelligence économique et stratégique dans les entreprises françaises - Editions Economica.
DORNER, D. (1996). The Logic of Failure. Editions Perseus Books.
FRANCART, L., (2002), Infosphère et Intelligence Stratégique. Ed. Economica – Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.
KHADIGE C., (2008) – L'intelligence d'entreprise : vers une catégorisation intelligente des entreprises – Thèse Doctorale – Université Paul CEZANNE – Aix Marseille III -
MAYERS, J.D. (1999). People Management Review. October 1999.
OLERON, P., (1994). L'Intelligence. PUF.  
ROGERS, P., BLENKO, M. (2006). Who has the D?  Harvard Business Review – January
SAUVIAT, C. (2002). L'entreprise et la nouvelle économie. Ellipse.  
STEWART, A.T. (2006). Did you ever have to make up your mind? Harvard Business Review – January 2006.





257Source : Citation du Rapport Martre.