jeudi 11 février 2010

13 - L’INTELLIGENCE RELATIONNELLE DANS LE CONCEPT DU MANAGEMENT D’ENTREPRISE

Cet article doit paraître en mars 2010 dans GÉOSPHÈRE – Revue Scientifique du département de Géographie de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban) www.usj.edu.lb

ABSTRAITS
Dans la dimension de l'entreprise et de ses responsabilités face à la société, face aux marchés et face aux éléments humains qui l'ont conçue, forgée et maintenue il est primordial, aujourd'hui, de concevoir que rien ne peut se faire sans relations. Une relation, cependant a besoin de raisons pour exister et d'une force catalysatrice de synergie constante afin qu'elle puisse durer et passer l'épreuve du temps. Une fois de plus le cas de l'Intelligence d'Entreprise apparait dans toute son importance.
Cet article a pour objectif de mettre en évidence l'existence et l'action de l'Intelligence Relationnelle pilier synergique de l'établissement de l'activité managériale à travers les liens qui inévitablement doivent se construire entre les composants humains internes et externes de l'entreprise, entre concepts managériaux de tous genres, entre les hommes qui conçoivent et ceux qui exécutent, entre les hommes qui travaillent et les ressources, etc.
La conclusion du sujet propose la création d'un Quotient d'Intelligence Relationnelle de l'Entreprise, indice nécessaire à l'explication et à l'évaluation des résultats dans une optique de continuité.

Mots Clés
Intelligence – Relations – Performance – Synergie - Résultats

ABSTRACTS
In the dimension of the organization and of its responsibilities facing society, markets and human elements that conceived it, forged it and maintained it is crucial, today, to consider that nothing can be made nor realized without relations. A relation has reasons however to exist and needs a constant catalyst creating and maintaining synergy so that it can last and can pass the test of the time. Once again, besides the case of the Intelligence of Organizations appears in all its importance. 
This article has for objective to put in evidence the existence and the action of Relational Intelligence as a synergic pillar of the establishment of the 1activity through the ties that inevitably must construct themselves between the internal and external human components of the enterprise, between managerial concepts of all kinds, between the men who conceive and those that execute, between the men who work and the resources they use, etc. 
The conclusion of the topic proposes the creation of a Quotient of Relational Intelligence of the Organization, as a necessary indicator to the understanding and assessment of results in an optic of continuity.

Key Words
Intelligence – Relations – Performance – Synergy - Results

L'INTELLIGENCE RELATIONNELLE DANS LE CONCEPT DU MANAGEMENT D'ENTREPRISE


Sophie Fourure[1] dans un article publié sur le net affirme que l'entreprise souffre d'un grave manque de compétence relationnelle. Sans infirmer, ni confirmer, cette déclaration, les questions suivantes se posent :

L'entreprise manque t'elle de compétence relationnelle :

Ø  au  niveau de ses relations avec l'environnement externe ?
Ø  au niveau des liens entre sa direction et ses ressources humaines ?
Ø   au niveau des relations humaines dans l'accomplissement des tâches et l'atteinte des objectifs ?
Ø   au niveau de la diffusion de la communication à l'interne et à l'externe ?
Ø  au niveau de la conception de l'organisation du travail en définissant mal, ou insuffisamment, la division de son activité en tâches distinctes et complémentaires ?
Ø   en comprenant mal les rapports entre les fonctions d'administration et les ressources dont elle dispose ou dont elle a besoin ?
Ø  en définissant mal les relations entre elle et l'environnement externe ?
Ø  etc.

Ce n'est, cependant, pas le cas. Il n'existe pas d'entreprise qui ne sache établir de relations viables à plus ou moins longs termes avec les différents environnements avec lesquels elle interagit. La fin du XXe siècle a introduit des impératifs auxquels elle ne peut se soustraire : l'importance de la Veille Économique, de la Gestion des Connaissances (Knowledge Management) et de l'Intelligence d'Entreprise.

L'entreprise moderne, aujourd'hui, est donc une entreprise constamment à l'écoute des évolutions et des bouleversements qu'elle observe, auxquels elle participe volontairement ou pas, et auxquels elle s'adapte bon gré mal gré. Elle en tire des conclusions et continue de se maintenir ou de se développer. Si le XXe siècle a introduit les notions d'Entreprise Apprenante, d'Intelligence d'Entreprise ou d'Entreprise Intelligente, le XXIe, lui, verra l'application de ces nouveaux concepts.

L'Intelligence d'Entreprise[2] représente cette force catalysatrice qui l'anime et qui lui permet de fixer des objectifs de différentes natures, réalisables et bénéfiques.

« L'intelligence relationnelle fait défaut en entreprise à tous les niveaux ». Cette seconde affirmation de Sophie Fourure montre, entre autres, à quel point certains dirigeants d'entreprise font peu cas de l'influence réelle des relations interhumaines, humaines-ressources, celles entre procédures et politiques de travail, etc.
Parmi les différentes composantes de l'Intelligence d'Entreprise[3], l'Intelligence Relationnelle[4] est principalement le catalyseur qui permettra à l'entreprise de concevoir l'ensemble des relations nécessaires à son développement, d'un côté, et au niveau de performance qu'elle espère atteindre.

L'Intelligence Relationnelle va se présenter sous les aspects suivants :

Ø  L'Intelligence Relationnelle de concurrence : faire mieux que les autres
Ø  L'Intelligence Relationnelle de protection :
®    défendre l'activité professionnelle face aux décisions étatiques qui sont souvent contraignantes,
®    faire face aux nouvelles entreprises qui tentent de se frayer des parts de marchés qu'elles vont voler aux entreprises déjà existantes,
®    faire face aux entreprises étrangères qui vont apporter non seulement de nouvelles marques et produits mais aussi une nouvelle culture de consommation et un style de vie différent.

Ø  L'Intelligence Relationnelle  de participation économique : les entreprises vont se réunir au sein d'organismes divers afin de décider, en coopération avec l'Etat, des grandes orientations que devrait prendre l'économie nationale.


ENTREPRISE, APPARTENANCE ET RELATIONS

Une entreprise, par la définition de son activité, appartient à un secteur économique bien déterminé aussi bien par ce qui le compose que par la législation qui le régularise et le réglemente, (même si certaines dispositions légales sont communes entre eux). Ces secteurs sont :

1.        Le secteur industriel où la caractéristique principale est la production,
2.      Le secteur agricole dont l'activité réside principalement dans l'exploitation des terres et des ressources animales,
3.       Le secteur commercial qui crée une dynamique économique d'échanges, locale, régionale et internationale,
4.      Le secteur des services qui conçoit particulièrement ce que l'on appelle communément les produits intangibles,
5.      Le secteur de l'éducation dont la fonction varie entre l'apprentissage, (l'école), la formation (académique universitaire ou professionnelle), et le développement des connaissances, des compétences, du savoir et de la culture soit par les moyens de la formation, des trainings, des séminaires soit par l'apport de la recherche personnelle (lectures, voyages, colloques, etc.)

Chaque secteur offre des caractéristiques distinctes, montrées dans le tableau suivant :

Fig. 1 – Caractéristiques des secteurs d'activité économique


L'analyse de ces caractéristiques montre deux particularités :
Ø  Une activité qui change de nom : ainsi la production en industrie (que l'on doit comprendre comme fabrication), devient exploitation en agriculture, échanges et transactions en commercial, conception en services et apprentissage en éducation.
Ø  Une activité commune : la communication.

C'est dans ce choix d'appartenance que l'Intelligence d'Entreprise montre son existence et, dans ce cas précis, apparait pour la première fois sous la forme de l'Intelligence Relationnelle et agit tout en définissant les relations avec les composants principaux de ces secteurs, tel que le montre la figure 2 ci-dessous :
Fig. 2 – L'entreprise et les secteurs d'appartenance

MANAGEMENT ET ENVIRONNEMENTS

L'Intelligence Relationnelle va donc permettre à l'entreprise d'agir sur, dans et avec trois types d'environnement :
Ø  L'environnement interne composé de ses ressources humaines et de partenaires économiques directs,
Ø  L'environnement externe composé de toutes les entités individuelles et institutionnelles diverses qui ont une relation plus ou moins définie avec elle, (stakeholders),
Ø  L'environnement international, si on considère que la mondialisation introduit deux nouvelles dimensions : celle de la présence d'entreprises étrangères présentes sur le sol national et celle de la relation avec des entreprises internationales depuis leur pays d'origine.
Fig. 3 – Relations entre l'entreprise et les environnements interne, externe et international.


Au niveau des marchés, l'Intelligence Relationnelle va d'abord créer les liens et contacts professionnels de toute nature entre :

Ø  L'entreprise et ses consommateurs actuels, le B to C normal,
Ø  L'entreprise et ses consommateurs potentiels (avec plus d'intensité car il s'agit d'augmenter ses parts de marché), le B to C intensif,
Ø  L'entreprise et les entreprises non-concurrentes car les entreprises achètent des entreprises, le B to B organisationnel,
Ø  L'entreprise et les entreprises concurrentes dans le cadre de la protection de l'activité professionnelle et de la production nationale,
Ø  L'entreprise et les institutions politico-légales, ou B to G,
Ø  Etc.

Dans une optique d'analyse comparative des environnements montrés dans le tableau 3, serait-il possible de trouver des repères communs qui permettraient une meilleure compréhension de ces entités ? Quatre sont proposés ci-dessous :



1 - Les acteurs
Ø  Internes : Ce sont principalement les ressources humaines de l'entreprise, qui sont divisées en deux groupes: un premier qui conçoit l'activité, (les exécutifs ou managers) et un second qui exécute les tâches, (les exécutants ou employés).

Ø  Externes : C'est le nombre total d'entreprises, de compagnies, de sociétés, d'organisations, d'institutions politico-légales, de groupes de pressions divers, de consommateurs... qui existe et interagit sur un marché.

Ainsi, dans l'espace des acteurs appartenant aux différents environnements, l'Intelligence Relationnelle va établir et consolider, dans la mesure du possible, des liens entre :

Ø  Les acteurs internes de l'entreprise,
Ø  Les acteurs externes dans leur environnement respectif,
Ø  Les acteurs internes avec les acteurs externes dans les relations professionnelles, ou sociales qui vont s'établir entre eux.


2 - Les facteurs ou agents d'influence.

Les facteurs sont des forces issues soit du contexte interne de l'entreprise, soit de l'environnement externe. Ces forces agissent, influencent et orientent la vie et l'activité des individus et celle de l'entreprise. La clé de la réussite des entreprises passe par la recherche et la compréhension de ces facteurs et leur manière d'agir. C'est donc un défi pour ces entreprises, puisque tout facteur agissant est soit un avantage, (donc un stimulateur d'énergie et de ressources créatives), soit un inconvénient, (donc un frein au développement et à la croissance), qu'elles doivent prendre en considération.

Ces facteurs sont issus des environnements Sociaux, Culturel, Légaux, Économiques, Politiques et Technologiques (SLEPT). Ils agissent en tant que référence pour le développement des compagnies, mais aussi en tant que forces effectives sur les consommateurs, puisqu'elles orientent le choix et la prise de décision.

ENVIRONNEMENT
FACTEURS D'INFLUENCES  SUR L'INDIVIDU
FACTEURS D'INFLUENCES  SUR L'ENTREPRISE
Social
®    la famille, 
®    le voisinage résidentiel le voisinage professionnel,
®    les relations humaines indépendantes,
®    etc.
®    attentes et satisfaction des besoins des consommateurs et clients
®    réponse aux besoins,
®    etc

Culturel
®    l'éducation,
®    la formation,
®    le développement des connaissances personnelles,
®    le savoir individuel,
®    le savoir de groupes,
®    etc.
®    développement des capacités individuelles des ressources humaines,
®    amélioration des compétences, etc.
®    développement de la culture d'entreprise
®    responsabilité d'éducation des consommateurs
Légal
®    importance des lois, des droits et des devoirs
®    droits, obligations et devoirs
Économique
®    disponibilité des revenus et accessibilité conséquente à des styles de vie différents,
®    satisfaction de la demande,
®    conception de l'offre,
®    concurrence,
®    compétitivité d'entreprise,
®    etc.
Politique
®    les systèmes régulant la vie nationale et ceux concernant l'accessibilité aux pays étrangers,
®    les systèmes régulant la vie nationale et ceux concernant l'accessibilité aux pays étrangers
Technologique
®    adaptation aux changements apportés par la technologie
®     facilité de la vie quotidienne conséquente,
®    facilité de l'activité professionnelle par une diminution du stress et des conditions de travail
®    développement des moyens de production,
®    NTIC,
®    etc.
Fig. 4 – Tableau comparatif des facteurs d'influence sur l'individu et l'entreprise.

L'Intelligence Relationnelle va mettre en relief l'interaction qui va se créer dans les espaces individus et entreprises. Il est important de comprendre que dans beaucoup de situations, les facteurs du SLEPT[5]:

Ø  Entreront en interactivité  dans chaque espace séparément,  
Ø  Agissant dans l'entreprise auront une influence sur la performance générale,
Ø Agissant sur l'entreprise influeront aussi bien sur les individus que sur son activité.

3 - Les éléments : les produits et les services qui représentent les armes dont dispose l'entreprise dans la guerre des marchés, et employées par les pays industrialisés pour la colonisation de ces marchés. Les produits et services qu'offre toute entreprise sont de même nature que ceux qu'un marché propose avec des distinctions notoires qui permettent une identification personnelle par les consommateurs et une association à des styles de vie caractéristiques.
D'une certaine manière l'Intelligence Relationnelle va créer des liens d'appartenance des produits et services de l'entreprise à des catégories existantes dans un marché. Sa véritable action sera celle qui va relier ces produits et services à des segments de consommateurs en fonction des variables comportementales qui les caractérisent. Notons aussi un fait important : l'Intelligence Relationnelle va créer une relation particulière entre un consommateur et un produit ou un service. Cet attachement, qui se montre émotif, dénote un certain art de vivre chez le consommateur, c'est-à-dire vivre avec les produits que l'on choisit.

4 - Les moyens : les différentes stratégies.
Au niveau des individus, ce que l'on appelle communément moyens est la disponibilité financière qui permet à chacun de suivre un style de vie. Au niveau des entreprises, les moyens sont d'un coté foule et d'un autre assez limités. Ils sont de deux types bien définis :

a)     - Les stratégies : ensemble des activités constituant des plans de travail permettant d'atteindre des buts et des objectifs déterminés et choisis par les entreprises. Elles vont des stratégies internes destinées à optimiser la productivité du personnel des entreprises, (donc des acteurs internes), jusqu'aux stratégies globales de conquêtes des marchés, (donc des acteurs externes).

b) – Les ressources dont dispose l'entreprise qui sont :
Ø  Internes et qui servent de soutien à ses activités et qui sont soit physiques, soit matérielles, soit financières, soit humaines et soit informatives,
Ø  Externes c'est-à-dire toutes les opportunités qui sont présentes dans l'environnement externe et qui offrent aux entreprises toutes les possibilités d'expansion et de développement, de  flexibilité face aux changements, de diversification d'activités, etc.

Sous l'action stratégique de l'entreprise, l'Intelligence Relationnelle va associer les ressources internes aux ressources externes afin de mieux optimiser les résultats escomptés. Il s'agit de retourner les forces négatives, opposées ou contraires en forces positives au profit de l'entreprise.


En conclusion de ces considérations, l'Intelligence Relationnelle va mettre en rapport ces espaces de repères, comme le montrent les deux tableaux suivants :
Fig.6 – Interrelations entre SLEPT interne et SLEPT externe



INTELLIGENCE RELATIONNELLE ET MANAGEMENT INTERNE

Dans la pratique du management des entreprises, l'activité conceptuelle de la gestion est classiquement définie suivant l'utilisation de fonctions d'administration (planification, organisation, direction et contrôle) et une utilisation de ressources (physiques, matérielles, financières, humaines et informatives)[6]. Il s'agit de comprendre que la réalisation du projet d'entreprise se concrétise quand la relation est bien définie entre :

Ø  La planification et l'identification des ressources nécessaires
Ø  L'organisation en fonction des ressources existantes, ou à acquérir,
Ø  La direction de l'ensemble avec les ressources sélectionnées,
Ø  Le contrôle de ce qui se fait, la concrétisation et mise en place des activités des fonctions susmentionnées.

Il faudrait donc considérer la conception précise de relations qui vont expliciter la gestion du projet d'entreprise, telle que le tableau suivant le propose :
Fig. 7 – Interactivité entre fonctions et ressources

Chacune des fonctions susmentionnées entre donc en interaction avec :
Ø  Les autres fonctions existantes. Ainsi, la planification d'un projet ou d'une activité suscite son organisation, sa direction et un contrôle des concepts et des mises en place, etc.
Ø  Les ressources dont l'entreprise dispose. On planifie, on organise, on dirige et on contrôle en fonction des ressources dont on dispose, ou, tout au moins, des ressources dont on a besoin ou, encore, de celles que l'on doit acquérir.

Gérer, donc, serait mettre en synergie active des fonctions et des ressources. Cette synergie se retrouve dans toutes les entreprises, quelque soit leur appartenance à un secteur économique défini.

L'Intelligence Relationnelle va, de prime abord, établir les liens entre les fonctions d'administration.
Fig. 8 – Interactivité entre fonctions d'administration

LA PENSEE MANAGÉRIALE[7]

La mondialisation a introduit de nouvelles règles que les entreprises se doivent de suivre au risque de perdre certains acquis décisifs. Une nouvelle orientation managériale globale devient donc nécessaire, avec un changement absolu des mentalités, face aux changements que cette nouvelle conception de marché apporte. On aurait tendance à supposer, et peut-être à croire, qu'un marché, aujourd'hui, s'il connait des croissances et des régressions, connait surtout un bouleversement dans le mouvement des produits et services, (apparition et disparition), et des données considérées jusqu'à présent comme acquises et constantes.

Le bouleversement reste un bon indicateur de santé d'un marché, puisque apparition, disparition et remplacement de produits montrent une moyenne de consommation plus stable, abstraction faite de la qualité et du prix accompagnant ces remplacements. Ce bouleversement, cependant, montre la substitution faite par les consommateurs des produits habituels par d'autres produits, nouveaux ou innovants, plus chers ou moins chers, de meilleure qualité, etc. et entraine, par la suite, l'identification des changements de style de vie.

C'est vers les années 70 qu'apparaît le concept du Management Stratégique. Il devait prendre en considération la reliance de deux activités complémentaires dans l'environnement interne de l'entreprise : la gestion et la stratégie. Ainsi :

Ø Gérer prit le sens de coordonner des fonctions avec des ressources
Ø Stratégie prit le sens d'activités nécessaires à cette coordination.

Le Management Stratégique introduit donc deux concepts :
-     Celui de la pensée managériale : comment penser la stratégie externe comme extension de la stratégie interne d'entreprise ?
-     Celui de la pensée stratégique : quels sont les choix d'activités relatives à l'une et à l'autre pour réaliser le projet d'entreprise et atteindre les objectifs conséquents ?

Dans « Strategic Management[8] », WHEELEN, (Université de South Florida),  et J. HUNGER, (Iowa State University), (2004), considèrent que l'application d'une coordination appropriée entre la structure d'une entreprise  adaptée à l'environnement a des effets positifs sur sa performance.

Il y a donc nécessité de prises de décisions stratégiques à long terme avec trois caractéristiques qui les différencieront des autres types de décisions[9] :

Ø elles sont plus rares à prendre car peu communes et sans aucun précédent à suivre
Ø elles sont consécutives, et dépendent de décisions stratégiques prenant en compte des ressources substantielles et exigent beaucoup d'engagements de la part de l'entreprise
Ø  elles créent des précédents pour la prise de décisions moins importantes.

Pour l'entreprise la réflexion et l'analyse des événements du marché ont introduit une nécessité de se repenser. En fait, penser management d'une autre manière.


PENSER MANAGEMENT AUTREMENT

Les managers commencèrent à réaliser que certaines forces affectent, pourraient affecter ou affecteront constamment le cours des évènements. En choisissant de faire le pas décisif dans l'ère de l'orientation consommateur,  (début des années 60), ils ont également réalisé que tous les marchés et que tous les consommateurs ne se ressemblaient pas. Ils se posèrent des questions et en conçurent des réponses pertinentes. Parallèlement, l'évolution de la condition humaine, celle de la vie courante, de l'aspiration à des modes de vie meilleure des individus, obligèrent, d'une certaine manière, les chefs d'entreprises à réfléchir à la meilleure manière de maximiser le développement de leurs activités, et de minimiser les problèmes qui en découlaient.

Un nouvel objectif s'est dessiné à l'horizon des entreprises : la compétitivité ultime ou performance difficilement égalable. Il est donc crucial que le concept de réflexion sur l'entité de l'entreprise change irrémédiablement. Pour cela il devient nécessaire de comprendre un marché à travers la collecte d'informations (apport de l'Intelligence Economique). Ces informations catégorisées et sélectionnées constitueront les banques de données réelles qui supporteront le choix et la prise de décision d'une manière plus scientifique. La Gestion des Connaissances (Knowledge Management) prend ici toute son importance.

Ainsi les termes performance, information, connaissance, base de prises de décisions scientifiques, etc. entrainent  la nécessité de penser et d'agir différemment : penser management autrement.

Penser le management  autrement, c'est avant tout choisir des orientations, des objectifs et des résultats et définir les moyens qui vont permettre leur réalisation. Il faut donc, d'abord, penser une division intelligente d'une activité en tâches soit différentes, soit distinctes, mais complémentaires et caractérisée par :

Ø  une indépendance totale dans le concept des tâches à accomplir
Ø  une dépendance coordonnée entre le suivi de ces tâches et les actions conséquentes
Ø  une interdépendance dans la chaîne de travail aboutissant à la réalisation du projet d'entreprise.

La gestion de ces trois caractéristiques nécessite de considérer un nouveau puzzle, en termes de management, et d'introduire de nouvelles techniques de gestion : nouvelles approches dans la compréhension des comportements des marchés, des préférences et des tendances nouvelles émergentes, nécessitant ainsi de nouvelles approches conceptuelles de coordination des fonctions managériales et des ressources disponibles. D'autre part, si les marchés montrent des exigences nouvelles, les ressources humaines de l'entreprise montrent, elles aussi, une volonté de compréhension, de participation et d'identification non seulement à l'entreprise où ils travaillent, mais aussi leur volonté d'avoir une vie sociale et culturelle plus adaptée aux conditions du jour, et montrent un désir de vivre mieux.

Ces nouveaux défis, incontournables pour les entreprises en quête d'évolution, de diversification, de vision du futur, obligent l'entreprise à faire face à une problématique particulière : comment concevoir une interactivité managériale moderne reliant la gestion interne aux impératifs économiques externes ?  

Tout n'est finalement qu'une question de relations et penser Management aujourd'hui, c'est penser en termes de relations intelligentes.

En un mot, poser la problématique de l'Intelligence d'Entreprise et plus particulièrement celle de l'Intelligence Relationnelle !

L'Intelligence Relationnelle pourrait se définir comme une capacité d'ajustement sain à toute situation. Faire preuve d'intelligence relationnelle, c'est savoir établir avec son environnement des relations de qualité, satisfaisantes et constructives pour les deux parties. Préserver l'intérêt de chacun dans un monde sous tension et parfois visant des enjeux divergents constitue une gageure[10].


UNE ENTREPRISE PEUT-ELLE AVOIR UN QUOTIENT D'INTELLIGENCE RELATIONNELLE ?


Pour Sophie Fourure « Le quotient relationnel, sera lié à la capacité plus ou moins développée chez une personne, à proposer pour elle-même et pour autrui, des relations qui participent activement à sa croissance et à son épanouissement. Nous pourrions dire d'un individu, qu'il a un quotient relationnel élevé, quand nous constatons qu'il provoque et développe des relations énergétigènes, créatives et stimulantes pour l'autre et pour lui-même. Nous dirions qu'il a un quotient relationnel moyen ou bas, quand il suscite, ou déclenche des relations infantilisantes, énergétivores et aliénantes, pour autrui et pour lui-même ».

 Le Q.R, (quotient relationnel) pour Olivier Clerc[11], qui a aussi abordé ce sujet sur Internet, serait "l'art de nouer et de préserver des relations mutuellement enrichissantes, ainsi que la capacité de gérer des désaccords et des situations conflictuelles autrement que par la violence ».

Essayons, tout d'abord, d'identifier les types de relations pouvant exister dans une entreprise. Elles :

®    Sont interhumaines dans l'entreprise
®    Sont interhumaines avec l'environnement externe
®    Existent entre les individus et leur équipement de travail,
®    Existent entre les fonctions d'administration et les fonctions de réalisation[12]
®    Existent entre les fonctions d'administration et les ressources dont dispose l'entreprise[13]
®    Existent entre les fonctions de réalisation et les ressources de l'entreprise[14]
®    Procédurales
®    Entre composants agissant ensemble dans une activité précise,
®    Autres possibles.

Autant de relations qui pourraient exister entre ce qui compose l'entreprise et son organisation avec autant de quotients relationnels. Ce Quotient Relationnel de l'Entreprise pourrait se calculer, dans les ensembles définis plus haut, de la manière suivante :

QRE =   

Nous pourrions, alors, dessiner différents types de quotients :

®    Le Quotient Relationnel Interhumain Interne, soit QRα
®    Le Quotient Relationnel Interhumain Externe, soit QRβ
®    Le Quotient Relationnel Individus-Équipement de travail, soit QRw
®    Le Quotient Relationnel Fonctions d'administration-Fonctions de réalisation, soit QRδ
®    Le Quotient Relationnel Fonctions d'administration et les Ressources, soit QRλ
®    Le Quotient Relationnel Fonctions de réalisation-Ressources de l'entreprise, soit QRμ
®    Le Quotient Relationnel Procédural, soit QRp
®    Le Quotient Relationnel entre Composants, soit QRc
®    Le Quotient Relationnel Inter-Intelligences QRi[15]
®    Le Quotient Relationnel Autres Possibles, soit QRd


En conséquence, nous pourrions proposer un Quotient Relationnelle d'Entreprise moyen, QRE, comme étant une moyenne des quotients définis plus haut :

QRE =

Et où x représenterait le nombre de quotients définis.


Quotient de Performance de l'Entreprise et Quotient d'Intelligence Relationnelle

Le Quotient de Performance de l'Entreprise est simple à définir. Il s'agit de diviser les résultats obtenus par les résultats attendus.

QPE =

Cet indice prendra plusieurs valeurs, suivant les résultats. Ainsi :

-        Il aura une valeur neutre quand les résultats sont atteints (résultats obtenus = résultats attendus), soit un QPE = 0. Dans ce cas les prévisions en nombre de clients et en chiffre d'affaires sont atteintes.
-        Il aura une valeur positive,  si les résultats sont dépassés (résultats obtenus > résultats attendus), soit un QPE > 0. Dans ce cas le nombre de clients escomptés ainsi que chiffre d'affaires dépassent les prévisions faites.
-        Il aura une valeur négative quand les résultats seront en dessous de ceux escomptés (résultats obtenus < résultats attendus), soit un QPE < 0. Dans ce dernier cas l'entreprise n'a pas su établir des prévisions réelles, avait compté sur des facteurs économiques mal définis, avait surestimé ses possibilités, n'avait pas les compétences ni l'envergure nécessaires, etc.


Le Quotient d'Intelligence Relationnelle pourrait être calculé, (grossièrement) par le produit QRE  * QPE, soit :

QIR = QRE * QPE

Ajoutons que le Quotient de Performance de l'Entreprise est tributaire, entre autres, du Quotient d'Intelligence Relationnelle, puisque les résultats finaux de l'entreprise dépendent des relations commerciales qu'elle entretient avec le(s) marché(s) où elle opère.






REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES


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FOURURE  S., – Coach & Consultante Acteo Consulting - http://www.conferencier.eu.com
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HICKSON, CRAY, MALLORY et WILSON  - Décisions Supérieures : Processus Décisionnel Stratégique dans  les Organisations  - Strategic Management Journal – Avril 2002 - p 20.LACOMBE F., Calculez votre quotient d'intelligence relationnelle et développez votre potentiel  - www.decitre.fr

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[1] FOURURE S., – Coach & Consultante Acteo Consulting - http://www.conferencier.eu.com
[2] Intelligence d'Entreprise : Ensemble des formes d'intelligence que l'entreprise utilise pour gérer ses affaires internes et externes / Caractéristiques d'une entreprise à comprendre et à profiter de caractéristiques existants au profit de sa diversité d'activité et à celui de son évolution.
[3] Tiré de KHADIGE C., (2008) – L'intelligence d'entreprise : vers une catégorisation intelligente des entreprises – Thèse Doctorale – Université Paul CEZANNE – Aix Marseille III - GLOSSAIRE
[4] Intelligence Relationnelle :  faculté de régir les rapports entre individus, entre individus et environnements[4] / capacité ou faculté de créer des relations entre l'entité de l'Entreprise et celle de l'environnement humain interne et externe,
[5] Facteurs SLEPT : Socioculturels, Légaux, Economiques, Politiques et Technologiques.
[6] Nous nous référons, ici, aux principaux ouvrages de Management, que nous trouverons dans les références bibliographies en fin d'article. Note : ce que nous appelons Fonctions d'Administration portent le nom de Fonctions de Gestion,  dans les ouvrages traitant du Management.
[7] KHADIGE C., (2008) – op cit.
[8] WHEELEN, T.I., HUNGER, D.J.  (2004)  Strategic Management" – Ed Prentice Hall – 8ème Edition – (Instructors manual).
[9] HICKSON, CRAY, MALLORY et WILSON  - Décisions Supérieures : Processus Décisionnel Stratégique dans  les Organisations  - Strategic Management Journal – Avril 2002 - p 20.
[10] FOURURE S., – Coach & Consultante Acteo Consulting - http://www.conferencier.eu.com
[12] Voir article sur L'Intelligence Relationnelle dans le concept de Management -  Même  auteur.
[13] idem
[14] idem
[15] Voir l'article du même auteur Intelligence Relationnelle et Collectivité d'Intelligences,