La question de
l’évolution et de l’évaluation des connaissances
Par
Clark G. KHADIGE, dba, desg
Et
Nadine SINNO, doctorante
Nadine SINNO, doctorante
ABSTRAITS
La civilisation, telle qu’on la
connait aujourd’hui, a profondément été influencée par la culture dans une première
optique civilisation-culture, puis
dans une seconde, autant complémentaire, culture-civilisation,
dans sa croissance et dans son évolution.
Ce qu’il faudrait comprendre par ce qui précède c’est que la civilisation est
source de culture et que la culture est source d’une évolution de la
civilisation.
Cet article tentera de développer la
relation qui existe et qui reste omniprésente, entre d’une part la
communication et la culture et, d’une autre, la culture et la communication. Ces
deux composants sont indissociables et créent des relations constantes et
influentes de la vie en général, qu’elle soit humaine ou non.
MOTS-CLÉS
Culture – Communication – Relation –
Civilisation – Évolution – Intelligence – Relations culturelles inter-nations.
|
ABSTRACT
The
civilization, as oneself knows it today, has been influenced deeply by culture
in a first optic civilization-culture,
then in a second, as much complementary, culture-civilization,
in its growth and in its evolution. What one should necessarily understand by
what precedes is that civilization is a source of culture and that culture is
source of an evolution of civilizations.
This
article will attempt to develop the relation that exists and that remains
omnipresent, between communication and culture on one hand and, in another, culture
and communication. These two components are inseparable and create constant
and influential relations in life, may it be human or not.
KEYWORDS
Culture - Communication - Relation - Civilisation
- Evolution - Intelligence - Inter-nations cultural relations.
|
INTRODUCTION
Six facteurs sont principalement à la base, sinon à
l’origine, de l’évolution de la culture et de la civilisation:
1.
L’observation des événements,
2. Les
questions sur les raisons de l’existence,
3. La
vie de l’entourage,
4. La
recherche, dans l’objectif de la compréhension,
5. L’enseignement
ou le désir de transmettre des informations pertinentes, d’abord, des
connaissances et un savoir ensuite, pour aboutir à une culture caractéristique
de l’environnement,
6. Les
échanges constants interculturels, ou simplement inter-pays.
Par l’observation des influences inter-environnementales, on
remarque que c’est particulièrement l’environnement technologique qui sape
petit à petit les fondements de l’environnement culturel. Il n’y aura plus,
bientôt, de culture nationale ni de conservation de patrimoines, puisque la
technologie, par le réseau des Nouvelles Technologies de l’Information et de la
Communication (NTIC), non seulement met à la disposition de tous la culture de
chaque pays, mais permet l’accès à leur découverte, à leur perception, à leur analyse
et à leur compréhension. Il n’y aura plus qu’une culture globale, ou mondiale
si l’on veut, avec des approches caractéristiques à des régions que l’on
déterminera suivant les besoins de la connaissance. Ce que Jean TARDIF avait
nommé l’« hyperculture globalisante ».
Pour transmettre l’ensemble de ses composants, la culture a
toujours dépendu de véhicules de transmission incontournables : les médias
et la communication. On appellera média
tout support qui aura comme objectif de transporter (ou de conserver)
l’information d’une source vers un ou plusieurs destinataires concernés ou
non. Ajoutons à cela, qu’un média peut être sonore, audio-visuel ou écrit.
La communication, par contre, est l’incessant échange
d’informations, de connaissances ou de savoirs entre des sources et des
destinataires caractérisés par une multipolarité d’émissions et de réceptions
et considérant qu’une source est définitivement destinataire et qu’un
destinataire est aussi indéniablement source. Elle est donc agent stimulateur,
en quelque sorte, d’intraculture et d’interculture suivant qu’elle évolue dans
une même dimension ou dans des dimensions parallèles et/ou complémentaires.
Au lu de ce qui précède,
nous pourrions dire que La Communication
a besoin de Culture et que la Culture
a besoin de Communication.
1.
La
Culture a besoin de Communication. Tout cet amalgame de
connaissances, de traditions, de savoirs, etc…, a besoin d’être diffusé sur une
très large échelle. Si on parle, aujourd’hui, de mondialisation et de
globalisation des marchés, on parle aussi de mondialisation et de globalisation
des connaissances. Le temps de la conservation des connaissances comme système
d’évolution par pays, est aujourd’hui révolu. Les jours du secret jalousement
gardé de la connaissance sont aussi révolus, et l’échange d’informations est un
mouvement continu qui ne s’arrêtera qu’à la fin du monde. Les nations échangent
entre elles, toutes formes d’informations dans le but, et au bénéfice, d’une
évolution générale de la civilisation et des peuples. Tout le monde est
concerné par tout le monde, plus personne ne peut plus vivre dans son coin. Tout
le monde a donc besoin de tout le monde, dans le cadre de la culture. C’est
pourquoi, il faudra s’attendre à ce que le XXIème siècle développe de nouveaux
véhicules de communication et dont le rôle ne sera plus de toucher les masses
par une communication générale, mais bien de toucher l’individu indépendamment
et personnellement. Internet a déjà ouvert la porte du futur.
2. La Communication a besoin
de Culture. Si la Communication porte surtout sur des échanges de
connaissances et d’informations diverses, intéressant tous les secteurs sociaux,
économiques, technologiques et culturels, il n’en est pas moins que leur
transmission a besoin de substance solide. Répandre un enseignement sur ce que
l’on a déjà appris ou découvert, c’est presque créer une culture pour une masse
très hétérogène. Cette dernière est-elle capable d’acquérir et d’assimiler la nouvelle
culture qui lui sera proposée?
En fin de compte, la mauvaise information est due à
une défaillance, ou à une malveillance humaine[2].
Dans le premier cas, celui de la défaillance humaine, nous pourrions comprendre
trois choses :
1.
La communication a été mal conçue, en fonction du
niveau culturel, peut-être plus faible, de la cible destinataire,
2.
La mauvaise compréhension du message due à une
déformation volontaire ou involontaire
dans la transmission de l’information vers des cibles secondaires.
3.
L’existence d’un conflit entre une information
pertinente dans une dimension et sa perception culturelle dans une dimension
différente.
Par contre, dans le cas de la malveillance humaine, le
problème se pose sous un angle différent en considérant le facteur de la nature
humaine. L’homme est un mélange de bien et de mal, de vrai et de faux et chaque
critère apparaît dans une situation bien déterminée en fonction des facteurs
environnants existants. Une action, ou un dire, peut ne pas avoir le même effet
si les critères et facteurs présents ne sont pas les mêmes dans les deux cas.
Ajoutons aussi, que souvent, le savoir donne une position de force à un
individu. Beaucoup croient que retenir l’information est source de pouvoir.
Mais beaucoup croient aussi que mettre l’information à la disposition de tous, c’est
apparaître comme une source de références constante. Alors, quel choix
faire ?
Dans le blog de Jérôme BONDU[3],
Jean-Philippe MOUSNIER[4] écrit : «Si l’on voulait être complet, il faudrait ajouter ce qui pour certains
est le plus important: la dimension naturellement internationale de la culture.
La culture provoque la rencontre et la confrontation des cultures différentes, d’autres
nations, d’autres civilisations, d’autres visions du monde : le dialogue
interculturel et son action implicite ou explicite sur la paix, sur «le sens du
monde», une interrogation sur les valeurs, une autre vision de la
mondialisation».
et
« … aujourd’hui le champ de la culture devient un des tout premiers
enjeux économiques des années à venir. Le tourisme culturel
est un extraordinaire levier pour le développement économique de toute une
région, une ville, un pays… L’enjeu culturel
est un des enjeux majeurs de développement des années à venir ». Pourrait-on dire,
à la limite, que la civilisation d’aujourd’hui, vit une certaine acculturation nationale au profit d’une
culturation universelle ? L’inculturation
des masses est-elle encore de mise ?
La civilisation n’en sortira que renforcée, sinon plus à
même de répondre à des aspirations, des attentes ou même des espoirs.
L’INTELLIGENCE CULTURELLE ET LA
PROBLÉMATIQUE CULTURELLE
La première question que l’on pourrait se poser serait qu’est-ce que
la culture ? Plusieurs définitions ont été proposées, comme :
1.
Le dictionnaire Larousse,
(encore lui, cet éternel et indispensable compagnon !), propose comme
définition, dans le cadre de cet article : Ensemble des connaissances
acquises dans un ou plusieurs domaines et Programmation collective
de l'esprit qui distingue les membres d'une catégorie de personnes des membres d’une autre catégorie.
2.
B. TYLOR, (1871) propose «C'est ce tout complexe comprenant les connaissances, les croyances, les
arts, la moralité, les lois, les coutumes et tout autre forme d'habiletés et de
coutumes acquises par un homme comme membre d'une société».
La seconde question, réellement plus importante et plus intéressante,
est : à quoi sert la culture et à qui profite-t-elle? La
réponse est assez délicate il faut le souligner, car elle suppose un intérêt et
un objectif. Dans le cadre de la recherche d’une réponse plus ou moins
pertinente, notons que la culture
est un espace complexe et compliqué à la fois puisqu’il inclut aussi bien
l’ensemble des connaissances et des savoirs, l’état de la recherche et la
définition des champs d’exploration, la science mais aussi le patrimoine
historique, la valorisation de l’environnement, etc. Elle représente aussi une
synergie de rencontre de cultures diverses issues de pays différents, de
civilisations éparses, de croyances distinctes et de visions futures.
Le « choc des
civilisations », comme Samuel HUNTINGTON l’avait proposée, ouvre aussi
la dimension de l’apparition d’une nouvelle culture, à travers la cassure entre
la culture dite classique et la
culture qualifiée de moderne,
principalement apportée par la technologie. Certains pays, comme les États-Unis
n’ont pas de patrimoine culturel issu de siècles d’existence, comme certains
autres d’Europe ou d’Asie, mais ont su développer une culture nouvelle
principalement apportée par la recherche scientifique, que l’on ne pourrait
qualifier que de moderne. Ce qui ne l’empêche pas de participer fortement à la
compréhension des civilisations anciennes.
On pourrait poser, ici, la problématique de la participation de
l’Intelligence Culturelle dans ce qui vient d’être dit.
La définition de l’Intelligence Culturelle que nous avions proposée
dans notre glossaire des types d’Intelligence[5] est
la suivante :
-
Faculté de faire émerger des connaissances au départ de
déductions, d’inductions ou de conclusions issues de recherches ou d’analyses
de connaissances déjà acquises.
-
L’Intelligence
Culturelle est la fonction qui permet de faire appel à la culture pour résoudre un problème en transposant l'acquis[6].
-
L’Intelligence Culturelle[7]
rassemble, évalue, et traite la méta-information, ce qui inclut une analyse et
une investigation claire des possibilités de dangers sociétaux, culturels,
économiques et politiques propres à la société de l’information[8].
-
L’Intelligence Culturelle étudie l’information dans ses développements
et les évolutions probables de son action dans l’infosphère[9].
Jean-Philippe MOUSNIER[10]
retient 4 grands champs d’application de la culture:
1.
Patrimoine matériel: monuments, collections,
architecture, sites, musée
2. Patrimoine immatériel: savoirs, savoir-faire, brevets, notoriété,
image, droit d’auteur, propriété intellectuelle, internet, édition, diffusion
3. Enseignement: universités et grandes écoles, recherche, ERASMUS,
innovation scientifique, confrontation/capitalisation/valorisation des savoirs
4. « Francophonie »: image de la France dans le monde, langue, mémoire,
valeurs, traditions.
Avec le XXe siècle, la culture est devenue internationale. Ainsi « La notion d’intelligence culturelle acquiert toute sa
pertinence dans le contexte de la mondialisation telle qu’elle s’installe après
la crise financière de 2008, caractérisée par la redistribution de la puissance
à l’échelle globale, par l’avènement d’une multipolarité plus compétitive que
coopérative et par la fluidité et l’imprévisibilité des évènements[11] ».
LA DIVERSITÉ CULTURELLE
La
diversité culturelle a toujours posé
des
questions auxquelles les entreprises se sont vues confrontées. « Pour certains, la diversité culturelle est
positive en soi, en ce qu’elle
renvoie au partage des richesses que recèle chaque culture du monde, et donc
aux liens qui nous unissent dans
l’échange et le dialogue. Pour d’autres, les différences culturelles sont au
contraire ce qui nous ferait perdre l’horizon de notre commune humanité, et
seraient ainsi la source de nombreux conflits. La mondialisation a démultiplié
les points de contact et de friction entre les cultures, exacerbant les
questions identitaires – qui se manifestent sous la forme de crispations, de
replis ou de revendications nouvelles, notamment religieuses, qui deviennent
sources de conflits[12] ».
Il serait donc d’importance de définir
les conditions qui feront que la diversité culturelle sera une menace au
changement évolutif d’une entreprise, ou bénéfique pour un développement durable constant. Les
actions à prévoir pourrait comprendre les points suivants :
Ø
Identifier
les critères de la diversité culturelle existants et isoler ceux qui rendent le
processus d’identification plus complexe, sinon plus compliqué à gérer,
Ø
Dégager
une direction de pensée parmi les différentes interprétations qui pourraient
être présentes dans des situations particulières,
Ø
Considérer
les dimensions d’intervention dans la promotion de cette diversité, en tant
qu’éléments d’innovation dans la pensée managériale,
L’Intelligence d’Entreprise a
donc un rôle crucial pour mieux comprendre ce
vers quoi tout s’oriente. Elle devra faire appel à deux de ses composantes :
l’Intelligence Culturelle et l’Intelligence Interculturelle.
Dans l’approche
de la compréhension de la diversité culturelle, par l’Intelligence Culturelle,
il s’agit de comprendre l’environnement d’évolution des connaissances, les
origines de la réflexion, de la recherche et du développement caractéristiques
à chaque pays. Il ne s’agit plus seulement d’une capacité d’apprendre et
de comprendre des différences de cultures mais de concevoir et d’accepter une
attitude de transformation d’une manière de comprendre le monde, de
comportement méconnus et d’une capacité émotionnelle afin de faire face à cette
transformation, alliée à une capacité d’agir de manière adéquate dans des
situations concrètes[13].
Cette définition accentue l’idée que la réussite des
rencontres culturelles n’est pas une question d’opposition, ni de contradiction
mais de complémentarité. Comprendre
l’ « autre » culture, faire attention à ses normes et
développer des techniques et des compétences pour combler les différences et
pour trouver, parfois et souvent, des réponses aux questions que l’on se pose.
L’intelligence culturelle implique donc une combinaison
de 3 dimensions[14]:
1- L’engagement
interculturel
2- La communication
interculturelle
3- La compréhension
transculturelle
La deuxième dimension, la communication interculturelle,
est une dimension d’action. Cette partie requiert d’avoir une maitrise de la
communication. Elle amène à un engagement interculturel, une compréhension plus
approfondie, une acceptation des différences et génère un feedback pour les
individus interagissant. Pour mieux affermir son action, l’intelligence
culturelle va s’associer un moment avec l’intelligence communicative, l’intelligence
communicatrice et l’intelligence relationnelle qui saura faire le lien entre
ces différences.
La troisième et la dernière dimension, la compréhension
culturelle, c’est la partie cognitive et le savoir-faire de l’intelligence
culturelle. C’est le fait d’intégrer une culture à d’autres présentes. C’est
aussi la collecte des savoir-faire des différentes cultures et en avoir des
perceptions plus conformes.
Le besoin d’intelligence culturelle est apparent lors de
situations d’interculturalité. « Nous appellerons interculturation,
l’ensemble des processus par lesquels les individus et le groupes interagissent
lorsqu’ils appartiennent à deux ou plusieurs ensembles se réclamant de cultures
différentes ou pouvant être référés a des cultures distinctes »[15]. Clanet (1990)
Le
problème interculturel est donc aujourd’hui au cœur d’une multitude de
pratiques professionnelles, et de tout engagement citoyen dans le contexte de
la mondialisation. Face à l’explosion de cette problématique, comment les
individus, les groupes sociaux, les États réagissent-ils ?[16]
On
voit, d’après ce qui est dit, qu’il y a donc plus une compétence
interculturelle qu’une intelligence interculturelle. « La notion de compétence nous renvoie à une
approche plus volontariste, moins déterministe d’un savoir-faire qui peut être
acquis et développé par tout individu, indépendamment de son niveau
d’intelligence culturelle, émotionnelle, Intrapersonnelle ou interpersonnelle.
La compétence interculturelle est un sujet ancien, qui date des années 1950,
mis en lumière dans le cadre des réflexions sur la communication interculturelle.
La compétence interculturelle peut aussi être envisagée sous le point de vue de
l’individu et sous le point de vue de l’organisation. On peut parler d’un
individu interculturellement compétent comme on peut parler d’une organisation
interculturellement compétente. »[18]
En
conclusion l’intelligence interculturelle agit au sein de l’intelligence
culturelle, c’est la dimension comportementale de l’intelligence culturelle qui
est tridimensionnelle :
·
la
dimension cognitive : connaissances concrètes, capacité à appréhender et à
accepter des informations incompatibles avec notre cadre normal et à les
interpréter correctement.
·
la
dimension motivationnelle : la force qui nous pousse à sortir de notre
cadre de confort et à entreprendre les efforts nécessaires pour comprendre les
autres et contrôler les émotions négatives envers les autres engendrées par les
différences.
·
la
dimension comportementale : être intelligent interculturellement demande
une application concrète des savoirs et connaissances acquis dans des contextes
adéquats, autrement dit la capacité de démontrer des comportements adaptes aux
contextes.
La
troisième dimension implique l’apprentissage et la mise en situation des
connaissances acquises dans les deux autres dimensions, notamment dans la
dimension cognitive.[19]
« L’intelligence culturelle est donc la prise
en compte effective et rationnelle des difficultés que pose l’interculturalisme.»[20]
ROMAIN (2010).
Quel que soit le métier, l’interculturalisme
constitue une réalité quotidienne au sein d’un nombre croissant d’entreprises.
En effet, la diversité culturelle des clients appelait une diversité dans les
rangs des salariés. Cette stratégie de diversification des ressources humaines
de l'entreprise internationale permet de mieux répondre aux attentes de sa
clientèle, de rehausser son image de marque ainsi que sa légitimité[21], (GOSSELIN et CHOUAT -
1993).
La diversité culturelle peut constituer pour
l’entreprise multiculturelle un atout majeur : "En mettant en synergie les différences, l'entreprise permettra à ses hommes d'enrichir leurs
comportements, leurs imaginations, leurs ouvertures aux autres, leurs performances. En retour,
la culture de l'entreprise s'élèvera et favorisera le développement des échanges culturels. Son
efficacité, son ambiance et son image s'amélioreront"[22] (BLAQUIERE, BOSSARD & MC CARRON, 1984).
Si
l’interculturalisme devient une nécessité pour l’entreprise, ne risque-t-il pas
de provoquer des incompréhensions, des mésententes, voire des conflits
entravant l’accomplissement du travail? En somme, les "chocs
culturels" n’engendrent-ils pas un risque de contre-performance économique
?[23] Quelle
place accorder à l’intelligence culturelle et à l’intelligence interculturelle pour
une meilleure performance de l’entreprise et, par suite, pour une meilleure
satisfaction de la clientèle ?
SCHULTZ[24] (1991) observe clairement que : « si nous pouvons, dès le départ, constituer un groupe de personnes capables de travailler ensemble
harmonieusement, nous aurons de fortes chances d’éviter les situations qui déclenchent un gaspillage
d’énergie dans les conflits interpersonnels».
Par conséquent, les employés issus de
différentes cultures doivent se référer à leur intelligence culturelle pour non
seulement éviter les erreurs mais surtout pour s’assurer des avantages
importants de compétitivité.
De plus, pour tirer des avantages de la
diversité culturelle, le manager reste un acteur de premier plan. Sans
intelligence culturelle et interculturelle, le meilleur manager fera face à
d’importants obstacles dans un contexte international. Les considérations sont
nombreuses : parvenir à un accord au sein des équipes sur les procédures de
travail, comprendre et tenir compte des différences dans l’éducation et la
formation, des problèmes de disponibilité de technologie, de la langue du travail et des documents, des
différences des styles de management, ou encore de déontologie et d’éthique du
travail. BARZANTNY (2002)[25]
INTELLIGENCE CULTURELLE ET
MANAGEMENT
En permettant le libre mouvement des individus, l’émigration
et l’immigration, l’internationalisation des produits et des marques et la
globalisation des marchés ont fait connaître aux entreprises du monde entier,
une diversité culturelle considérable. Les ressources humaines de ces
entreprises, se sont vues enrichies de compétences non pas seulement différentes
mais nouvelles dans leur approche des activités professionnelles.
En
entreprise, le management de l’interculturel consiste à considérer l’importance
dans les échanges internationaux des différences culturelles, et à savoir
profiter des opportunités présentes.
Dans l’obligation de s’ouvrir à cet espace mondial, les
managers se virent aussi confrontés à un nouveau dilemme : l’ouverture de l’intrinsèque vers
l’extrinsèque, passer de l’intériorisation
à l’extériorisation et prendre le risque de la roulette russe : changer et gagner ou stagner et disparaître.
Ces dirigeants en faisant face à des situations nouvelles,
jouent un rôle important en créant une atmosphère de leadership individuel
jamais considéré jusqu’à présent. Ils durent faire appel, une fois de plus, au
concept de l’Intelligence d’Entreprise dans deux de ses variantes :
l’Intelligence Culturelle et l’Intelligence Interculturelle permettant d’accroitre la capacité
transculturelle[26]
de l’entreprise.
Dans cet ordre de choses, l’utilisation de ces formes
d’intelligences répond à deux objectifs : mieux comprendre la complexité
des peuples dans leur entité culturelle, et innover des outils de travail pour
maitriser, sinon s’adapter plus fortement, aux changements et aux
développements constants des marchés opérationnels. Rappelons à ce sujet, qu’un
des objectifs des plus importants de l’entreprise est l’augmentation de son
chiffre d’affaire et, de là, de ses profits, d’où l’obligation de comprendre,
d’adopter des styles de pensée nouveaux, de s’adapter à l’inconnu et de
naviguer entre certitudes et incertitudes dans un océan de données nouvelles.
En conséquence, l’Intelligence Culturelle représente un
catalyseur de l’activité relationnelle, à un niveau individuel autant qu’à
celui des groupes, dans le but de développer de nouvelles capacités de
productivité rendant la compétence professionnelle et sociale de l’entreprise
plus efficace. Dans ce contexte particulier, les ressources dont dispose cette
forme d’intelligence s’orientent vers une optimisation des connaissances et du
savoir de l’entreprise dans son potentiel économique et culturel. Notons aussi,
que l’Intelligence Culturelle peut être un instrument favorable pour influencer
les divers comportements des individus dans les environnements sociaux et
professionnels. « Plus je sais, plus
j’agis différemment ».
Les entreprises multinationales profitent d’un pluralisme
culturel et d’une diversité de perceptions qui lui permettent d’évoluer dans un
monde de plus en plus complexe. Ne sont-elles pas, au fond, un immense
réservoir de cultures dont il faut savoir profiter ? Découvrir donc, et
valoriser par la suite, cette richesse de connaissances. Nous pourrions citer
ici, la gestion de la diversité humaine et culturelle dans l’entreprise issue
du recrutement d’employés étrangers, immigrants ou non. Chaque individu est
conscient de sa propre dimension culturelle et tente, dans la mesure où cela
n’entre pas en conflits avec la dimension actuelle, de s’adapter à des
exigences de travail et de productivité nouvelles. Mais la conception d’un
travail bien fait dépend-elle d’une culture précise ?
Notons, au passage, le problème omniprésent de la communication.
Comment pouvoir faire passer un message, le faire comprendre de la même manière
pour tous et faire agir un ensemble de perceptions dans une même direction et
vers un même objectif quand le groupe d’individus est disparate ? Il y a assurément des différences considérables au sein d’une culture et
de ses sous-groupes[27].
Rappelons à ce sujet, la richesse des mots dans leurs
différentes significations : quelles significations peuvent prendre les
mots valeur et intérêt ? N’y aura-t’il pas malformation ou déformation de la
compréhension de ces deux termes, en considérant que beaucoup d’individus
« traduisent » dans leur langue, ce qu’ils entendent afin de mieux
comprendre ? Que dire donc des résultats….
En exemple, nous pourrions citer la diversité humaine, donc
culturelle aussi, des individus travaillant dans un même hôtel dans le monde
arabe ; en 1978, l’hôtel Méridien Koweït comptait quelques 400 employés de
17 nationalités différentes. Jugeons donc de la possible confusion dans la compréhension
des informations diffusées.
En considérant ce point de vue délicat, sinon crucial, quel
pourrait être le rôle de l’Intelligence Culturelle dans la cohésion des équipes
de multi origines ? C’est dans sa conception de jeteur de ponts inter-espaces culturels que l’Intelligence
Culturelle de transforme en Intelligence Inter-Culturelle
et permet de mieux naviguer entre les cultures en retirant des éléments
communs permettant non seulement une communication unique dans la signification
des termes mais aussi une meilleure cohésion des efforts de productivité
partagée.
Ainsi, l’Intelligence Culturelle peut
devenir un pilier fondamental du changement constant et du développement
permanent de l’entreprise, puisqu’elle modifie
constamment, améliore et développe l’état relationnel général.
Ajoutons à ceci, que quand la dimension culturelle est
intégrée dans la pensée managériale stratégique, l’analyse des résultats
obtenus montre que l’ensemble des individus d’une entreprise sont passés d’une
situation de réticence, voire de résistance à une évolution des changements
introduits, à une nouvelle situation de discernement, d’acceptation et de
coopération. La perception culturelle diversifiée a permis une meilleure
compréhension des concepts d’approche professionnels et une mise en œuvre de
méthodes de travail partagées.
L’INTELLIGENCE INTERCULTURELLE
Dans la nouvelle dimension apportée par l’espace mondial, le
« choc des cultures » a
introduit l’inévitable : prendre
connaissance d’une autre réalité et d’une nouvelle dimension et remettre son existence
et ses certitudes en question. Sommes-nous encore sûrs de notre
savoir ?
Si, comme l’écrit LIVERMORE,
l’Intelligence
Culturelle a aidé à acquérir les
compétences pratiques[28],
elle permet donc de prendre conscience de différences
culturelles marquées et donc, de rechercher des approches plus souples en
acceptant déjà ces différences. S’ouvrir vers le monde extérieur nécessite
incontestablement de reconnaître, d’accepter et de s’adapter au nouveau, au jamais vu et, surtout, au
jamais imaginé, car, rappelons-le, chacun vit dans une dimension qu’il
considère comme étant universelle.
On
en arrive à en reconsidérer une équation nouvelle : la théorie des dimensions. Dans notre article sur le défi de l’évolution suite au déclin
social[29]
nous avions écrit : « …chaque culture représente en elle-même une dimension particulière
puisqu’elle comporte ses propres valeurs, ses propres croyances et surtout ses
propres savoir-faire. Chaque facteur, chaque élément constituant est à priori
une source d’opposition apparente, de divergences d’opinion, de conflits et de
contradictions, autant qu’une source d’intérêt et de convergence. Ainsi, en
considérant que chaque culture est un îlot en elle-même, donc indépendant et
autonome, chacune est une vérité éprouvée qui a ses adeptes. L’îlot voisin est
inconnu, donc par principe adversaire ou ennemi puisqu’on ne le connait
pas ! Il s’agit alors, de jeter des ponts entre ces dimensions par la
recherche des points communs existants ». Par leur nature, les
entrepreneurs se demandent dans quelle mesure ils doivent s’adapter aux divers
goûts de différents marchés et aux diverses préférences de différents employés
répartis dans le monde entier[30].
On
se rend compte, au lu des lignes précédentes, de l’importance et de l’intérêt
de comprendre et de développer l’Intelligence Interculturelle. Comment, alors,
pouvoir la définir comme étant une force de
liaison entre des îlots épars ?
Elle va
favoriser la diffusion des idées, des valeurs, de la création, la promotion de
la francophonie, des arts, des débats d’idées entre universités, favoriser la
recherche et les connaissances[31].
Mais on se rend compte, aussi, que la
connaissance d’un enjeu interculturel peut permettre à une entreprise
d’anticiper, ou de planifier, les difficultés potentielles et peut souvent
favoriser ses stratégies. Atteindre un objectif peut se faire suivant plusieurs
stratégies, ce qu’offre souvent l’interculturel. Savoir intégrer dans sa
réflexion managériale les facteurs culturels et interculturels, permet d’éviter
des erreurs majeures non seulement dues à l’ignorance, mais surtout dues à l’inculturation
des dirigeants. Faut-il prendre des
risques ou résoudre des problèmes conséquents ?
Mais l’objectif principal de la réflexion est
qu’il faut agir et donner des résultats. Considérer des spécificités interculturelles,
c’est faciliter un jugement de valeur et constituer une vision globale de
l’international, sinon du global.
L’interculturel
véhicule donc des valeurs appréciables : sociales, patrimoniales,
humaines, morales et éthiques quand il s’agira d’établir le lien inévitable
avec le comportement aussi bien des individus que de l’entreprise. Lui donner
suffisamment d’importance relève donc d’une intelligence stratégique confirmée.
C’est savoir investir sagement dans la valorisation du culturel du potentiel
humain.
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[4] idem
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[7] Dictionnaire de
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[8] Idem
[9] Idem
[10] La culture? Un
nouveau champ d’application de l’intelligence économique?
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[11] MUSITELLI J.,
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[12] Rapport mondial de
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[13]
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[14] Plum E.,(2007) Cultural Intelligence : A concept for
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[15] Clanet C., (1990)- la rencontre interculturelle : impasses, chantiers
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[16] SAUQUET M, VIELAJUS M., (1997) - L’intelligence de l’autre - Éditions Charles Léopold Mayer - Paris (France)- p.43
[17] N.D., - Intelligences
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[20] ROMAIN S.,
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[29] KHADIGE C.,
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[30] DAVIS K. D., (2010) –
opcit.
[31] Idem.
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