Par Clark G. KHADIGE, dba, desg – (JCB 1934-2012)
| ABSTRAITS 
Un des sujets qui apparaissent    dans les médias, par périodes, est la souffrance au travail et ses    conséquences malheureuses. Malgré la sonnette d'alarme agitée par les    psychologues, psychiatres, médecins du travail et diverses associations de    protection de l'individu, l'Etat a trop souvent du retard à réagir.  
L'objectif de cet article est de    mettre en évidence ce qui entraîne des individus à renoncer à leur vie, à    leur personnalité et à leur identité, car soumis à des conditions inhumaines    de vie au travail. Les entreprises mentionnées dans cet article ne sont citées    qu'à titre indicatif, puisqu'elles ont parfois fait les titres de la première    page des quotidiens et foule d'articles dans les revues. Elles ne    représentent que bien d'autres entreprises dont on n'a jamais entendu parler    de ce qu'elles font ou disent. 
MOTS-CLÉS 
Harcèlement – stress - décision –    politique – procédures – intelligence – relations humaines - conséquences. | 
| ABSTRACTS 
One of the topics that appear in the medias, by    periods, is the suffering of people at work and its unhappy consequences. In    spite of the alarm agitated by psychologists, psychiatrists, physicians of    work and various protective associations of the individual, governments are    sometimes late to react.    
The objective of this article is to put in evidence    what drags some individuals to give up their life, their personality and    their identity, because submitted to inhuman conditions of life at work. The organizations    mentioned in this article are only mentioned for information only, since they    sometimes made the titles of the first page of the dailies and crowd of    articles in magazines.  They only    represent a lot of others, one never heard or talked about.  
KEYWORDS   
Harassment - stress - decision - policies - procedures    - intelligence - human relations - consequences.   | 
Parmi les  nouvelles diffusées par les chaînes françaises de télévision, au début du mois de  juillet 2012, on a pu suivre un événement qui paraîtrait commun et habituel,  sinon médiatiquement normal, qui est  la mise en accusation de M. X, ex-président de la société Y  pour harcèlement moral. Ce qui a attiré l'attention du gouvernement français,  ce n'est pas le fait du harcèlement en lui-même mais la conséquence malheureuse  ayant mené un certain nombre d'employés au suicide, dont certains sur leur  propre lieu de travail. D'autres caractéristiques des tensions au travail  peuvent aussi être mentionnées comme les dépressions nerveuses, les taux  d'absentéismes croissant, les retards volontaires, les congés-maladie plus  fréquents, etc.
Reproduisons ce  que nous avons lu sur la mise en accusation de M. X et paru dans les pages  du journal LE MONDE[2] :
« Dans le détail, le groupe a été mis en examen pour "harcèlement  moral" et "entrave au fonctionnement du comité d'entreprise et  du comité d'hygiène et de sécurité" – des organes paritaires  direction-syndicats – et placé sous contrôle judiciaire avec un cautionnement  de 150 000 euros, a-t'on précisé de source judiciaire. Engagée dans des  restructurations, l'entreprise avait supprimé 22 000 postes entre 2006 et 2008  et procédé à 10 000 changements de métier ».
Et
« Le rapport de l'inspection du travail mettait en exergue le  harcèlement managérial dont étaient victimes les salariés qui avaient commencé  leur carrière au moment où la société Y était une entreprise publique non  soumise à la concurrence, et qui étaient incités à changer de métier ou à quitter l'entreprise. Le groupe a "mis  en œuvre des méthodes de gestion du personnel qui ont eu pour effet de fragiliser psychologiquement les  salariés et de porter atteinte à leur santé physique et mentale", selon ce rapport.
Et enfin
« La plainte d'un syndicat de salariés fin 2009 suivie d'un rapport  de l'inspection du travail en 2010 avaient conduit à l'ouverture d'une  information judiciaire pour harcèlement moral en avril 2010. Selon les  syndicats et la direction, 35 suicides de salariés de l'entreprise se sont  produits en 2008 et 2009 ».
La société Y  n'est pas la seule entreprise du monde ayant connu cet événement regrettable et  nous pourrions aussi en citer bien d'autres[3].  Fait banal, diront certains, puisque tout harcèlement au travail ne mène pas  nécessairement à ces finalités malheureuses. Ainsi, d'après les statistiques en  France, elles ne représentent que 0,00213 %, c'est-à-dire que presque 22  employés sur 100 000[4]  connaissent une triste fin. Chiffre insignifiant à un niveau global mais  caractéristique à un niveau individuel.
Une première série de questions  se poserait à priori : 
Ø   Quelles sont les causes principales menant à la déchéance humaine ?
Ø   D'où vient le stress ? 
Ø   Vient-il uniquement du travail et des tâches qui sont à accomplir dans ses  difficultés ? 
Ø   Est-il issu de relations humaines difficiles ? 
Ø   Le travail est-il stressant dans ses relations avec ses composants et ses  impératifs autant que dans les relations qu'il établit ? 
Ø   Etc.
Pour comprendre cet état  de fait, référons-nous d'abord, à l'origine du mot. Ainsi, en lisant le rapport  d'information établi pour le Sénat français sur le mal-être au travail[5], nous notons, non sans surprises, que  « l'étymologie latine du mot travail,  (de tripalium, un instrument de torture)  rappelle, s'il en était besoin, que le travail s'accompagne d'une certaine  souffrance et de désagréments. La racine latine labor, qui a donné l'adjectif « laborieux », renvoie quant à  elle à la notion de fatigue ou de peine [6] ».   On voit déjà que la signification  que l'on donne aujourd'hui n'a rien à voir avec ce qui était auparavant. Le  travail aujourd'hui, ne serait donc qu'une obligation accompagnée de fatigue et  de souffrance.
Inévitablement, quand on  se penche sur ce problème et que l'on veut en comprendre toutes les facettes,  on se demande si l'on doit parler avant tout de la condition humaine des individus au travail ou des conditions inhumaines que subissent ces individus à cause des  politiques et des procédures  de travail  imposées.
La satisfaction retirée  du travail bien fait est en recul lorsque les contraintes de délai ou les  exigences de la production deviennent intenables et obligent les salariés, ou  les agents publics, à se contenter d'un travail de moindre qualité[7].  
Mais s'est-on  penché suffisamment sur un autre thème d'importance égale : la vie au travail ? Quel sens a-t'elle  quand « il n'y a pas de  dignité possible, pas de vie réelle pour un homme qui travaille douze heures  par jour sans savoir pourquoi il travaille[8] ».
RÉPONDRE Á UNE PREMIÈRE QUESTION
Mais, essayons de  répondre à une des questions posées, au début de cet article : le travail est-il stressant ou est-il une source de stress constant ?
1 - Pour  certains, la réponse est inévitablement oui ! Mais pourquoi ?  
Ø   Le plus souvent parce que le travail est difficile à accomplir : les  moyens sont insuffisants, les connaissances incomplètes, l'employé n'a pas les  compétences requises, etc. 
Ø   Il y a aussi la contrainte du temps : faire vite, faire plus ou  faire vite pour faire plus (et pas souvent  pour faire mieux) dans un même intervalle de temps. Une sorte d'économie  d'échelle…
Ø   On pourrait ajouter les contraintes de concurrence et de  compétitivité : faire vite, faire  plus et faire mieux ou perdre un marché,
Ø   Notons aussi l'influence de la globalisation : produire pour mieux desservir…
Ø   Etc.
La survie de l'entreprise sur les marchés concurrentiels  à outrance peut aussi être source de stress. Une entreprise involontairement,  pousse ses employés à être plus créatifs et plus producteurs d'idées et  d'innovations. En résultat, l'individu prend plus de temps à rechercher des  sources d'imagination puisque trop souvent l'entreprise ne lui donne pas  suffisamment d'informations sur ce dont il a besoin ou sur ce qui se passe en  dehors de ses limites.
Un exemple de stress marquant est le travail de  télémarketing, où un employé se doit de convaincre un consommateur des  bienfaits d'un produit ou d'une marque et tenter de vendre par téléphone.  Répéter des dizaines de fois la même chose, écouter constamment les mêmes  arguments et répondre aux mêmes questions est chose assez routinière mais  stressante à la longue. D'autant plus que certains consommateurs répondant à  ces appels, ne sont pas particulièrement caractérisés par une politesse et une  amabilité exemplaires…. Dans quelle situation morale se trouve-t-il en fin de  journée ?
Cependant, aussi difficile qu'un travail puisse être, il  finit bien un jour ou l'autre, puisqu'un travail est à la base un ensemble  d'activités faites dans un objectif bien défini en volume et en temps. Une  activité a donc une fin et l'individu passe à une seconde de même type ou non.  Le stress associé disparaitrait donc sauf, bien entendu, dans le cas de  répétitivité d'une même chose. Le stress serait alors, et dans un certain sens,  cumulable. 
2 – Pour  d'autres la réponse est non. Là, aussi, essayons de savoir pourquoi : 
Ø   Les moyens techniques sont là. L'employé a plus un rôle de superviseur grâce  à la technologie qu'il emploie et a donc moins de travail mental ou manuel à  accomplir, 
Ø   Le travail est calculé suivant les possibilités productives de chaque  individu. 
Ø   Des temps de pause sont insérés afin de permettre aux employés de décompresser…
Ø   Les procédures managériales sont établies suivant un système et un rythme confortables de production per capita, 
Ø   Les relations professionnelles sont telles qu'un individu se sent accompagné par ses collègues, 
Ø   Le travail est rendu intéressant par les séminaires ou les informations  diffusées, 
Ø   Etc.
Si la relation  avec l'activité d'un travail peut être sans stress, il n'en est pas de même  avec celle des autres individus : un prochain travail a toutes les chances  de se faire avec la même équipe et sous la supervision d'un même individu. Si  la relation humaine a été stressante auparavant, elle le restera dans la  nouvelle activité. L'émotion, la rancœur, la déception seraient source d'une  démotivation grandissante. Ici aussi, le stress est cumulable.
Ceci nous a poussés  à dire, dans un de nos articles publiés[9],  que le stress est principalement issu de la relation avec les autres.
UNE PREMIÈRE RÉFLEXION
Le monde vit  aujourd'hui, des moments difficiles. La crise économique qui sévit depuis  quelques années rend la vie des individus plus malaisée  et celle des entreprises plus critique. Si la  globalisation a apporté aux consommateurs de la planète beaucoup d'avantages  aux niveaux produits, marques, satisfaction, etc. et si elle en a apporté aussi  autant pour les entreprises, (avec aussi beaucoup de nouveaux problèmes), il  n'en est pas de même pour l'employé simple qui chaque jour se retrouve derrière  son établi, derrière sa machine ou derrière son bureau. 
Pour lui globalisation signifie principalement augmentation de sa production  personnelle par jour. Sous le justificatif de produire plus et vendre mieux pour survivre les entreprises ont  tendance à pousser volontairement l'individu à dépasser ses limites.  Inévitablement le productivisme apparaît et l'hyperproductivisme tend à se  faire une place naturelle : seul  les forts survivent ! 
Mais  l'hyperproductivisme n'est pas nécessairement la solution à la course effrénée  des entreprises à la survie. Les conséquences humaines en sont terribles :  la production personnelle chute car le mental ne suit plus et le physique ne  résiste plus, et la productivité individuelle disparaît.  Comprenons ici, dans la dimension de cette  idée, par le terme productivité  individuelle  la quantité de travail  faite par l'apport créatif de chacun. Elle est  également diminuée lorsque les travailleurs sont amenés à accomplir des actes  qu'ils désapprouvent, ce qui arrive, comme l'a rappelé le chercheur Michel  GOLLAC, à un tiers des actifs, au moins de manière occasionnelle[10].
Le stress est l'ennemi de la  créativité et de la productivité stimulatrice !
Mais l'individu  au travail doit aussi subir les effets de décisions managériales dont il  n'est pas responsable, principalement la réduction des coûts dont l'objectif  est soit d'assurer une survie à l'entreprise en difficultés, soit tout  simplement d'augmenter les bénéfices. Cette réduction de coûts passe  inévitablement par une réduction des effectifs humains, en commençant par une  annulation des budgets de communication (dont celle des formations et des  trainings). En conséquence directe, l'entreprise se veut humaine et propose l'alternative du départ volontaire. De quoi  s'acheter une bonne conscience… Face  à une réponse très faible, l'entreprise se doit donc de prendre des décisions  issues d'un dilemme : réduire,  accepter de gagner moins ou fermer. Mais réduire entraîne à choisir entre  deux options : 
Ø   La décision éthique : réduire en accordant suffisamment d'avantages  financiers afin que le partant puisse  survivre jusqu'à obtention d'un nouveau poste,
Ø   La décision immorale : créer une atmosphère de tension constante afin de forcer les départs. La guerre est  ouverte et face au nettoyage décidé  la hiérarchie inférieure nettoie par peur  d'être nettoyée. D'où harcèlement moral et physique constant. On parlerait  facilement de l'inhumanité des hommes. Reconnaissons que  le harcèlement est un frein au travail et à la vie. Un individu sous stress et  sous harcèlement moral constant, perdrait plus de 70% de sa productivité et de  sa créativité. L'entreprise recule. Face à ce phénomène, nous assistons à un  esclavagisme moderne. 
HARCÈLEMENT ET SITUATION DE STRESS
Devrions-nous ici parler de  harcèlement ou, de méchanceté voulue ?  Dans la psychologie comportementale, et surtout dans beaucoup de textes  d'auteurs grecs, (Aristote de Stagyre, Platon, Pline, etc.), on découvre que  l'homme a toujours eu tendance à vouloir dominer les autres. On remarque,  alors, que certains réussissent parce qu'ils sont plus violents que d'autres,  d'autres réussissent car ils ont un certain charisme qui inspire, d'autres qui  réussissent car ils font peu cas de scrupules et d'autres, enfin, parce qu'ils  ont le pouvoir de l'argent. 
Mais la psychologie comportementale  nous apprend aussi que beaucoup d'individus, la majorité si l'on puisse dire,  se soumettent pour différentes raisons, dont la principale qui pourrait être le  besoin de revenus financiers pour vivre. Il est un fait notoire que tout le  monde ne peut pas être patron et qu'il faut bien accepter des charges de  travail pour faire face aux impératifs économiques personnels. D'autres sont  affublés soit d'un manque de caractère ou d'identité critique, soit un manque  de confiance en soi, etc. mais surtout par peur de fuir des responsabilités  morales. 
L'individu a besoin qu'on lui dise quoi faire ! D'où le fait que certains, plus pernicieux, en profitent.  Sont-ils poussés par la peur ? Oui, le harceleur est aussi, quelque part,  le harcelé. Citons à ce propos ce que nous lisons dans le site internet HMS,  (Harcèlement Moral Stop)[11] : « Bernard G. (ancien collaborateur chez W), affirme avoir été l'un des nettoyeurs : "J'ai harcelé au quotidien cinq de mes collaborateurs pour les  faire partir. Je ne faisais pas cela par plaisir. C'était une machine  infernale. Puis je suis devenu à mon tour l'homme à abattre : j'ai été  licencié".
Mais la société Y, n'est pas la seule  entreprise concernée par le phénomène du harcèlement voulu, pour des raisons  que seule l'entreprise connaît. Prenons le cas de la compagnie W,  issue de la fusion de W et de M, qui à travers un début  encourageant socialement a laissé  apparaître son vrai visage en politique de départ des employés. Il serait donc  bon de lire l'article paru dans Libération, avec pour titre Comment W  met ses agents sous pression[12]  et dans lequel nous retenons certains points :
« Le président de W explique que sa conception de l'entreprise n'est pas celle d'une  «machine à broyer les hommes». Dans la réalité, cette compagnie d'assurances  mène en France une politique sociale extrêmement dure envers ce qu'elle nomme  ses «collaborateurs». Harcèlements, mises en concurrence interne,  discriminations, licenciements pour fautes graves imaginaires, confirmés par de  nombreuses décisions de justice. De très nombreux témoignages décrivent une  entreprise qui n'hésite pas à faire craquer les plus faibles et ceux qui  refusent de courber l'échine ».
Plus loin, dans le même article
« Après avoir racheté son rival, W annonce qu'elle ne procédera à aucun  «licenciement collectif»… l'Avif évalue à un millier le nombre de procédures  engagées aux prud'hommes et devant les cours d'appel par ces ex-salariés. Elle  dispose pour sa part de plus de 300 jugements rendus, dont la majorité a été  défavorable à W. Sa conclusion est  sans appel : «W a mis en place un  plan social déguisé», explique un dirigeant de l'Avif…. »
« La stratégie de W était très organisée. En 1998, elle a donné le choix aux agents  salariés de l'ex-M de signer un  nouveau contrat, sans dire qu'il entraînerait une baisse de salaire. En même  temps, elle a mis la pression sur les directions régionales pour qu'elles  fassent signer le plus de monde possible. Pas de pitié pour ceux qui ne  signaient pas. «Une politique sanctionnant implacablement les non-optants a été  mise en place», détaille un avocat de l'Avif…. »
Et encore
« Mais quand cela ne suffisait pas, W n'a pas hésité à s'acharner sur  certains. A plusieurs reprises, des dossiers ont été montés de toutes pièces  pour justifier des licenciements pour faute grave. Dans la ville de B, on a  ainsi fait signer des lettres de réclamations à certains clients en leur disant  qu'ils ont été floués par leur agent ».
Sans vouloir porter ombrage aux  sociétés que nous citons[13],  (l'auteur ayant sélectionné des points de presse afin de mettre en relief  l'objectif de cet article), pourrions-nous introduire la notion de management par discrimination dont  l'objectif ne serait que celui du profit extrême aux dépends de l'être humain  réduit au seul rôle d'esclave ?
LA RESPONSABILITÉ 
A qui la faute : à celui qui agit ou à celui qui se soumet ? Combien de  fois s'est-on aussi posé la question que « devant tant de stress dans les relations humaines sociales ou  professionnelles, que se passerait-il si tout le monde en même temps disait non » ?  Le patron d'une entreprise mettrait-il tout le monde à la porte pour  mutinerie ?  
Mis à part les paresseux  professionnels qui vivent sur le compte des autres, beaucoup sont amenés à  agir souvent contrairement à leur fond d'humanisme et sont poussés à vivre  constamment dans des conflits intrapersonnels de tout genre. Pourquoi ? Est-ce  parce qu'à cause de notre égoïsme ridicule, nous devenons aveugle au malheur ou  à la condition humaine ou inhumaine des  autres ? En fait, nous avons tous peur ! 
Ø   Peur de perdre d'abord ce revenu qui est si important pour vivre. 
Ø   Peur aussi de perdre son poste, son emploi, car en période crise, trouver  quelque chose dans une autre entreprise est difficile, parfois impossible. 
Ø   Peur enfin de perdre son statut social et ce qui en découle. 
Ø   Peur du mépris des autres. 
Ø   Peur de la pitié des autres. 
On en est  presque au bord d'accepter de se délocaliser mentalement et physiquement.
LA PEUR
Pourrait-on dire  qu'un des facteurs, (ou le facteur principal ?) du stress, d'un côté, et  du harcèlement volontaire, d'un autre, serait la peur ? Est-ce qu'insérer  la peur serait une forme de gestion nouvelle, à l'instar de ce que faisaient  les propriétaires d'esclaves à l'époque de l'empire romain ?
Dans une rapide  définition du mot peur, Wikipédia[14]  nous apprend que « la peur  est une émotion ressentie généralement en présence ou dans la perspective d'un danger ou d'une menace. Elle serait de deux types :
Ø  Externe est une  peur d'un danger éventuel venu de l'extérieur, dont l'individu est motivé  d'éviter et adopte un comportement qui se veut préventif et auto-protecteur,
Ø  Interne,  connectée à une émotion souvent négative (ex. : sous-estimation de soi) ».
« Elle dicte une certaine  prudence d'action et de comportement comprenant la phobie, (qui pousse jusqu'à  la paranoïa), l'inquiétude, l'anxiété, l'angoisse, la terreur ressentie, la  panique et la crainte[15] ». 
Elle pourrait  surtout être issue de l'incertitude dans laquelle un individu évolue,  soit :
Ø   Quand il se trouve dans une situation nouvelle, qui lui paraît d'abord  inconnue, ensuite dangereuse dans le sens où l'expérience ne joue pas, ou plus,  son rôle de mise en condition sécuritaire  dans une dimension connue,
Ø   Soit quand il apprend qu'à cause de difficultés financières, (ou d'appât de  gains supplémentaires), l'entreprise veut, ou se doit de, réduire ses  effectifs : comment cette réduction va-t-elle s'opérer ? qui en  subira les frais et conséquences le premier ? 
Ø   Soit encore quand il apprend qu'il sera délocalisé et envoyé dans une autre  région, dans un autre pays, ou tout simplement reconverti à une autre activité  que celle qu'il exerce.
L'exemple de la  société C[16],  en France, (et bien d'autres), met bien en évidence cette inquiétude, même  cette angoisse, qui s'empare de l'être humain concerné.
Dans la relation  humaine, la peur commence par un sentiment de méfiance. Cette dernière est la  représentation de l'introduction d'un individu dans une dimension autre que  celles connues auparavant. Tout y est remis en question : croyances,  valeurs, certitudes, perception, acquis, relations d'ordres divers, etc. Elle  est également considérée comme une prévoyance et  une remise en cause de ce qui a déjà été obtenu. La situation peut alors  évoluer vers ce qui est, ou  peut  devenir, effrayant voire dangereux[17].
Mais la peur de  l'inconnu, du jamais vu ou du jamais expérimenté, est souvent  hypothétique : elle remet en question la capacité d'acceptation et  d'adaptation à des critères, ou à des facteurs, nouveaux. Ainsi, accéder à un  nouveau poste, être chargé de responsabilités nouvelles, être délocalisé, s'engager  dans un nouveau type d'activités ou dans une nouvelle entreprise s'accompagne  toujours d'une certaine inquiétude sur l'avenir. 
Cela peut, pour  certain, être considéré comme un défi à relever : je gagne, je reste… je perds….je perds tout ! Formidable jeu  de poker.
La période  probatoire existante dans toute activité de recrutement, est un espace de temps  où le comportement de l'individu est le plus stressé. Les enjeux sont  nombreux : ne pas manquer le défi, se montrer à la hauteur, savoir établir  des relations humaines flexibles et avenantes, afficher un esprit de  coopération et d'assistance, etc. pour ne pas perdre l'occasion et les  avantages du nouveau.  En un mot, faire bonne figure. 
L'intégration  dans une entreprise, puis dans une équipe de travail, est aussi source  d'inquiétude. Une fois de plus nous faisons face à une situation critique qui  veut que si l'individu a le choix de travailler dans une entreprise qui lui  paraît la plus adéquate, il n'en est pas de même avec les individus qu'il  côtoiera quotidiennement et avec qui il aura des échanges sociaux, culturels et  surtout professionnels. 
Ce qui nous  amène à percevoir un autre type de peur : celle de l'autre. Sera-t'on  accepté ou rejeté ? On en arrive à considérer que la relation humaine au  travail est entachée de la peur de  l'autre et de la peur des autres.
La peur de l'autre
En nous référant  au dicton français « l'homme est un  loup pour l'homme » on pourrait affirmer d'emblée que l'autre est, ou représente, un danger  certain et potentiel. Et tout chez l'autre, est sujet à crainte, angoisse,  inquiétude, peur… mais aussi attirance, séduction, enrichissement, etc. :
Ø   La position hiérarchique ou la décision du pouce : levé est signe de vie, baissé signe de mort. Le patron a toujours raison, dans les  erreurs qu'il commet, à la différence près que l'erreur lui est permise. Il  saura toujours en rejeter la faute sur quelqu'un, sur un fait ou sur un  événement. Il n'est jamais responsable…
Ø   La compétence : D'une part on représente  inévitablement un danger pour  l'autre à cause de compétences affirmées, c'est-à-dire à cause d'un  savoir-faire, d'un savoir-comment-faire, d'un savoir-faire-faire et surtout d'un  savoir-être. D'une autre part, on est en  danger face aux connaissances et à l'expérience de l'autre, mais aussi face  à sa faiblesse en capacité d'assimilation, en capacité d'accomplissement d'un  volume de travail dans un espace de temps plus court, en capacité de manipuler et  d'interpréter l'information des faits, etc.
Ø   L'intelligence de l'autre reste aussi une source de forte inquiétude :  doit-on paraître plus intelligent ou moins intelligent que l'autre ? Les  conséquences n'en sont jamais positives ou avantageuses dans les deux cas. Mais  le débat reste ouvert dans la dimension employés-employés  autant que dans celle managers-employés  ou employés-managers. 
Ø   Etc.
Que faire donc  quand l'autre est ou devient menace ou danger[18] ?  La réponse est simple et immédiate : attaquer  non pas pour se protéger ou pour détruire, mais pour ne pas être attaqué et pour survivre ! Mais on attaquera aussi sans savoir si le danger  existe : pourquoi prendre le risque ?  Ne dit-on pas que la meilleure politique défensive est celle de l'offensive  elle-même ? On entre ainsi dans la dimension de l'attaque de l'autre,  justifiable ou non. Mais tout est justifiable, car sa seule raison reste la peur.
La question  relative à la peur des autres traite  surtout d'agoraphobie (la peur des foules). Travailler avec les autres, reste  souvent une action pénible quand l'équipe, le groupe ou la foule apparaissent  comme une dimension de danger, ou d'espace inconfortable.  Ajoutons que quand les compétences et les perceptions professionnelles ne  s'accordent pas, la situation n'en est que plus stressante. Ceci, souvent, est  mis en relief lors de l'évaluation des compétences et des réussites conduite  chaque année dans les entreprises sur l'ensemble du personnel. Cette évaluation  est parfois ressentie comme un jugement et  les résultats sont appréhendés comme  une  sentence. L'angoisse présente dure et  bloque.
Certains  individus recherchent donc un travail les isolant des groupes, soit pour mieux  faire, soit pour ne pas perdre du temps en polémiques inutiles, soit enfin  parce qu'ils ont une certaine inquiétude concernant le jugement qui pourrait leur  être porté ou simplement parce qu'ils considèrent qu'ils réussissent mieux  seuls. Généralement, le compliment et la reconnaissance du travail bien fait  par les membres d'une même équipe ne court pas les rues… 
La rivalité, la  jalousie, l'ignorance et l'incompétence qui découlent de ces situations, représentent  autant d'obstacles que de freins à la productivité créatrice de chacun. 
ATTAQUER POUR SURVIVRE
Qu'est-ce qui pousse l'individu à faire souffrir les autres ? Quel  plaisir en tire-t-il ? 
Corollairement, pourquoi se laisse-t'on faire ? Parmi les réponses que cet  article proposera, lisons ce que Christophe DEJOUX[19], spécialiste français  de la question de la souffrance au travail, en dit : « La question centrale est: pourquoi les salariés  acceptent-ils de faire tout cela, y compris des actes qu'ils réprouvent? Pour  leur entreprise. La direction invoque la guerre économique. Les gens vont donc  se mettre à travailler comme des brutes pour l'entreprise qui, à la fois, leur  fait des promesses et en même temps les menacent. Petit à petit, ils sont  amenés à concéder des choses qui les touchent dans leur identité, qui leur font  honte… Les gens en arrivent à trahir les règles du métier, leur éthique  professionnelle, au nom des objectifs. Or, faire toute la journée des choses  qu'on réprouve moralement finit par atteindre l'image de soi. C'est un peu  comme se trahir soi-même ».
La gestion par la peur augmente  t'elle les profits d'une entreprise ?
Ce qui est trop  souvent demandé aux employés dans une entreprise est l'implication totale,  l'engagement et l'investissement personnel, l'action et la réaction plus  passive qu'active afin de répondre aux exigences imposées par le concept de  survie de l'entreprise. Rien, cependant, ne leur est proposé en contrepartie, à  l'exception du « estimez-vous  heureux d'avoir du travail… ». Comme cité au début de cet article faire plus, sans nécessairement faire mieux,  afin de détourner l'attention… Christophe DEJOUX le cite dans une interview  sur le sujet et dit « … pour obtenir la quantité, les salariés sont souvent obligés de brader  la qualité du travail »[20].
Ainsi, la  concurrence inter-individus en capacité de production, (et non en créativité ou  en productivité), est favorisée car l'important reste, et restera toujours,  l'intérêt final de l'entreprise et le profit des actionnaires. Elle fait apparaître et  peser sur les épaules et le moral des employés une plus lourde responsabilité :  celle de devoir prendre des décisions à mesure qu'ils accomplissent leurs  tâches. Ce qui est une source de réprimandes dont certains dictateurs de travail sont friands. 
En  conséquence, la situation sociale rencontrée est celle du passage désastreux de  la communauté partageante de la responsabilité du travail au collectif du  travail et, finalement, à une situation d'employés connectés dans leurs  relations de travail, mais isolés socialement. 
Or l'individu isolé  peut-il maintenir sa productivité sans avoir de relations avec les autres ?  A cela s'ajoute le sentiment d'impossibilité de compter sur la solidarité des  collègues, et le fait de faire face à la conduite déloyale observée entre  collègues. Chacun pour soi… quitte à  verser des larmes de crocodile par la suite.
Quand on revient  à l'idée du harcèlement social et/ou professionnel auquel est soumis l'individu  et que l'on prend conscience de conséquences regrettables (après coups), ne pense-t'on pas que la société en est  quelque part responsable? 
DE LA MÉCHANCETÉ DE L'HOMME
Quand on regarde ce qui  se passe autour de soi dans le monde des entreprises, on ne peut s'empêcher de  penser jusqu'où ira la méchanceté et la cupidité de l'homme ?  « Comment  des salariés peuvent-ils en arriver à commettre l'irréparable ? Pourquoi le  travail, qui devrait être synonyme d'épanouissement, devient-il, dans certains  cas, une source de souffrance[21] »?
Beaucoup de  questions, il est vrai, apparaissent quand on se penche sur le problème du mal-être et du malaise ressenti dans des situations déterminées. 
Mais essayons de  répondre partiellement à ces questions posées dans le paragraphe  précédent :
1 – Jusqu'où ira  la méchanceté de l'homme ? 
Le mot méchanceté vient du terme mal dans un sens psychologique et non dans  celui physique[22]. De  ce point de départ, nous pourrions considérer trois dimensions  différentes : vouloir du mal, faire  du mal et vouloir faire du mal.  
Que ce soit l'un  ou l'autre de ces termes, ils signifient surtout porter atteinte négativement à la dimension d'un être humain. Cette  atteinte peut être volontaire ou commandée. Voyons, dans ces deux cas, ce que  cela pourrait impliquer :
Ø   La méchanceté volontaire est un comportement  choisi et voulu contre une tierce personne et serait issu d'un sentiment, ou d'une  sensation, d'infériorité, (souvent dénommé complexe  d'infériorité), ou du pressentiment d'un danger potentiel. Ce qui entraîne  la décision d'agir avant plutôt que  de subir l'après. L'auto-défense  soulignerait l'importance de l'acte avant celui de la négociation ou de la  réflexion. Frappe, et discute ensuite !  
Effectivement, devant de meilleures capacités, de  nouvelles compétences, ou d'un savoir-être  plus relationnel, il est difficile, pour beaucoup, d'accepter de se voir  relégué au second rang, quitte à se voir déclassé, remplacé, vite oublié et,  pour comble, critiqué. Dans cette dimension, l'angoisse, la jalousie, l'envie,  la haine, etc. seraient des commanditaires  de méchanceté.
Ø   La méchanceté commandée serait un acte demandé  expressément, ou insinué, afin de décourager et de forcer soit une action  conflictuelle, soit un départ grandement souhaité, soit toute autre raison pour se débarrasser de ce qui gêne ou de ce  dont on n'a plus besoin. Cet acte est souvent ressenti comme :
-          Un soulagement quand une certaine partialité existe entre un acteur de  méchanceté commandée et ses sentiments négatifs personnels,
-          Une obligation pour ne pas la subir soi-même pour refus d'obtention,
-          Un sentiment de malaise quand rien de personnel ne dicte un tel  comportement, ou quand une certaine estime existe, 
-          Un conflit intrapersonnel quand on juge la décision inadéquate ou appliquée  à ceux qui ne la mérite pas. Dans cet ordre de choses, n'oublions pas que le  meilleur, et le pire notons-le, juge d'un travail bien fait est surtout celui  porté par les pairs.
-          Un sentiment de perversité profonde : certains prennent du plaisir  dans la souffrance des autres,
-          Une situation mentale de sadomasochisme  primaire existante dans l'esprit de personnes nerveusement fatiguées.
Il faudrait,  aussi quelque part, mentionner le fait de ces manipulateurs d'informations.  Ces individus qui, dans une certaine mesure, savent interpréter de différentes manières ce qu'on leur dit.  Savoir passer entre les mailles est, très souvent, un avantage et une politique  comportementale pour eux car ils évitent les pièges en rejetant sur d'autres,  sans les mentionner, ce qui a été fait et ce qui aurait dû être fait. 
C'était le rôle  des bouffons, à l'époque des rois, qui, à travers une interprétation ironique  d'un fait, faisaient rire les monarques. Du bouffon, ils passèrent au niveau  des flatteurs tablant sur un fait  certain que tout individu aime être flatté, puis des courtisans. L'objectif était principalement de détourner les yeux  des supérieurs sur ce qu'ils étaient ou sur ce  qu'ils faisaient en les orientant vers le comportement des autres, et  principalement sur ceux qu'ils n'appréciaient pas particulièrement, ou contre  ceux qu'ils considéraient comme étant des ennemis ou des obstacles à leurs  intérêts personnels. Du Machiavélisme à l'état pur !
Dans cet ordre  de choses, notons que ces flatteurs, courtisans ou quel que soit le  qualificatif qu'on leur donne, ont toujours un lourd fardeau à porter :  celui de l'innocence du patron. Il  faut bien qu'ils justifient leur  comportement de tricheurs aux yeux de  leurs pairs. De là, à désigner le bouc émissaire… le pas est facile à  franchir !
En quelque sorte  vivre et revivre la célèbre fable de Jean de la Fontaine Le Corbeau et le Renard !
2 – Jusqu'où ira  la cupidité de l'homme ?
Quand on parle  de cupidité, on associe souvent à ce terme l'accaparement d'intérêts  financiers. Il vendrait sa mère pour de  l'argent est une expression courante du jugement porté sur des individus  dont l'appât de l'argent, et de ce que ce dernier apporte, est une priorité  certaine.
Mais la cupidité  pourrait aussi se traduire par ce besoin, souvent incontrôlable, de vouloir  commander et de vouloir imposer quelles qu'en soient les conséquences.
L'expression,  souvent répugnante, définissant un comportement cupide extrême n'est-elle pas « …  passer sur le cadavre des autres… » ? L'intention est-elle  mauvaise ? Dans le cas de faire partir les autres, on pourrait l'affirmer.  « La méchanceté est donc  bien guidée par un mauvais vouloir, une volonté mauvaise[23]… » et nous pourrions ajouter « le  plaisir sadique de faire du mal… ».
Ainsi, être  méchant ne signifie pas seulement le fait de le faire, ou de le faire en  fonction d'objectifs aveugles pour l'individu, mais clairs pour celui qui le  fait ou le commandite. Cela signifie aussi d'y penser. Mais on y pense dans la  dimension de la relation avec les autres. Si elle n'existe pas, il ne peut y  avoir de méchanceté. Anéantir semble être le mot-clé de cette relation négative  et la méchanceté est toujours liée à un comportement volontaire du faire-souffrir et, peut-être, de l'aimer faire souffrir. 
La méchanceté est toujours identifiée  après qu'un acte ait été commis alors que l'être méchant peut être reconnu au  préalable par son comportement vis-à-vis des autres, ou vis-à-vis d'un individu  ciblé. On pourrait affirmer à la limite, qu'elle peut être prévisible. Car elle  est trop souvent accompagnée de mensonges et d'hypocrisie…
3 -  Comment des salariés peuvent-ils en arriver à commettre l'irréparable?
Ce qui tue  surtout, c'est de ne pas savoir pourquoi l'attitude des autres est si négative,  voire si néfaste. « Qu'est-ce j'ai  fait pour qu'on me traite ainsi ? Ne suis-je pas aussi un être  humain ? Ne fais-je pas mon travail correctement ? »  etc. 
Sous l'effet de  tensions relationnelles, autant verticales qu'horizontales, sous celui de  pressions de plus en plus fortes, sous celui encore de réprimandes, d'actes de  colère voulue, de rabaissement humiliant, de critiques acerbes, d'excuses ou de  raisons injustifiables, on fait souffrir les autres. Parce qu'on le veut ! Parce que seul le plus fort reste !  Parce qu'on ne veut pas subir les autres…parce qu'on ne veut pas finir à leur  place, ni finir comme les autres. Mais aussi parce qu'on se sent supérieur à  l'autre !
Comme nous  l'avons souligné au début de cet article, le stress issu de harcèlement divers,  de difficultés de compréhension et d'adaptation, de facteurs internes autant  qu'externes est cause d'une déchéance vertigineuse de l'être humain, dans les  conditions actuelles de crise mondiale et de globalisation extrême. La maladie de la survie ramène l'individu à un  comportement autant soit peu instinctif.
Ainsi, les faibles, plus susceptibles de subir les attaques des autres, se voient  parfois agir sans réellement en prendre conscience : dépressions de tous  genres, abandon de soi, perte de personnalité et d'identité, etc. amenant  l'individu à remettre en question sa  raison de vivre.  Quand il n'y en a plus, (de raisons de  vivre), pourquoi continuer ?
LES TECHNIQUES DE MANAGEMENT SONT-ELLES AUSSI  RESPONSABLES ?
(Dans le cadre  de cet article, nous ne parlerons pas de techniques managériales au service  d'intérêts économiques, mais nous essayerons d'identifier ce qui est utilisé  pour arriver à des fins moins recommandables).
Ainsi, il est  courant, (et plus facile) de faire porter  le chapeau aux autres de tout ce qui ne va pas : une mauvaise prise de  décision, un faux pas avec un client, une perte financière d'importance… la souffrance des autres…. Etc. La  fameuse politique du « ce n'est pas  moi, c'est lui » ou politique du parapluie.
L'Intelligence Managériale, que nous  avions définie comme la « capacité de  concevoir et de coordonner les activités d'une entreprise en fonction  d'objectifs, de fonctions diverses et de disponibilité de ressources dans une  entreprise[24] »,  entre, ici, en jeu. Cette  intelligence sert des intérêts divers autant positifs que négatifs.
On a tendance à croire que l'utilisation de formes d'intelligences en  gestion des entreprises a un objectif d'assurer une réussite certaine à travers  une éthique comportementale à toute épreuve. Or, l'Intelligence n'est pas  seulement éthique, elle a aussi son côté   immoral et amoral. Tout dépend, bien sûr, des objectifs définis.
Dans le souci de  soutenir le sujet de cet article, notons que l'Intelligence Managériale peut ne  rien avoir d'éthique, mais peut favoriser la recherche d'une solution à moindre  frais, plutôt que celle qui conservera, auprès des individus internes ou  externes à l'entreprise, une image de marque solide. N'oublions pas que l'être  humain oublie vite, tant qu'il n'est pas concerné par un malheur quelconque.  L'image de marque ternie se reparera d'une image nouvelle et tout rentrera dans  l'ordre. Et puis le malheur des autres… peu s'en soucient.
Comme exemple pointu,  prenons celle des entreprises qui ont appliqué une politique immorale et  amorale pour licencier abusivement un certain nombre de leur  personnel : qu'ont-elles perdu en chiffre d'affaires ou en  capital-clients ? En appliquant une nouvelle politique de relations-clients  bénéfique, elles ont aidé, sinon favorisé, l'oubli et augmenté leurs profits. 
Pour atteindre leurs buts de réduction de personnels dans une optique  de réduction des coûts ou d'augmentation de bénéfices, l'Intelligence  Managériale passera la main à l'Intelligence Pernicieuse[25] qui est cette « capacité de saper les valeurs  et les institutions établies, basée sur des intérêts personnels, ou dictés,  issue souvent soit d'un déséquilibre relationnel mental, soit d'une peur  intérieure d'être écarté ou déconsidéré, etc. ». 
Appliquer donc des  procédures de désinformation, de mal information, de détournement ou de  rétention d'informations autant que de déformations, créera une situation dans  laquelle « les salariés comprendront moins bien  que par le passé les objectifs de leur entreprise… la priorité donnée à des  objectifs financiers à court terme… [26]».  En  conséquence directe, la performance sera ralentie faute de savoir comment et de  savoir pourquoi. 
Ajoutons, encore une fois, la  politique de Ponce Pilate observée par l'éloignement des managers. Ceux-ci,  bien au courant de ce qui se passe, joueront le jeu du non-savoir, de l'étonnement  et trouveront suffisamment de subterfuges pour renverser la vapeur et  culpabiliser l'innocent. Ils se diront surpris de constater que quelqu'un (?)  ait pu  «avoir  mis en place une politique délibérée visant à provoquer de la souffrance au  travail pour créer des conditions de départ[27]».  
DES CONSÉQUENCES REGRETTABLES
Beaucoup  d'études sur le sujet, ont fait apparaître un lien indissociable entre des politiques  de contraintes en travail, associées à des comportements souvent qualifiés de méprisants, et des situations de stress  chronique entraînant des états dépressifs. La dépression nerveuse peut souvent  favoriser un suicide. 
Un suicide peut  être professionnel ou physique. Dans le premier cas, il s'agira d'un sabotage  pur et simple du travail, de celui des autres et, éventuellement, du matériel  disponible avec une intention délibérée de vengeance. Nous disons vengeance parce qu'à la base, un  individu n'a aucune raison de déclencher un acte destructeur, ou simplement  vindicatif, s'il n'y est pas astreint. 
Dans le second  cas, un suicide physique, c'est-à-dire la prise de décision concernant le fait  de mettre fin à sa vie, est surtout une conséquence de l'abandon, ou de la  perte, d'une personnalité, d'une valeur humaine, d'une désidentification de soi, ou de la réalisation qu'aucune raison de  vivre ne reste. 
Dans ce cas  précis, la cause est principalement due à des facteurs externes, politiques,  économiques ou même humains. Au travail, c'est ce dernier facteur qui prime et  est conséquent à des politiques voulues de harcèlement moral et physique  entraînant des situations dépressives et d'incontrôle total. La société du  travail est souvent une société délibérément criminelle. Criminelle, car  pousser les gens à l'extrême est un crime humain innommable. 
Mais qui en  portera finalement la responsabilité morale ? 
Ø   Le patron, tout d'abord, puisque c'est lui qui a décidé et dressé une  politique d'écartement, pour diverses raisons. 
Ø   En second lieu, les sous-fifres qui, pour une raison ou une autre, ont  développé un excès de zèle pour faire bon  visage. 
Ø   L'équipe de travail, en porte aussi une part de responsabilité. Où sont passées  la solidarité et la complicité humaine face à un problème qui tôt ou tard va  frapper cette équipe ? 
Ø   Les employés d'autres départements qui, au lieu de porter assistance à personne en possible danger, observent  en pensant que leur tour n'arrivera jamais et se cacheront derrière  des excuses et des raisons montées de toutes  pièces. 
Comment ces gens  réagissent-ils au fond d'eux-mêmes ? Que ressentent-ils quand cet acte  épouvantable du suicide se déroule devant eux ? Qui a le courage d'en  désigner le responsable ? On assiste, ici, à la lâcheté humaine,  managériale autant que celle des occupants des couches inférieures de la  hiérarchie.
Bien sûr, rien  n'est fait, ou décidé, avec des intentions mauvaises. Mais les conséquences  veulent que l'aboutissement de ces procédures malheureuses soit négatif.  Doit-on alors juger celui qui en a décidé ainsi, l'acte ou l'intention ?
Cela ressemble,  un peu, à une émission télévisée de la chaîne satellitaire Animal Planet, autant que celles d'Animaux, ou toute autre chaîne de ce type. Dans le programme de  présentation des fauves et de leur vie quotidienne, il est courant de les voir  chasser. Quand ils attrapent leur proie, la caméra se tourne vers le reste du  troupeau qui observe la scène de mise à mort avec un regard ahuri et bête sans  savoir ce qu'ils doivent faire.
Le monde du  travail est-il devenu une arène où se rencontrent des gladiateurs  modernes (les employés devenus ennemis) sous le regard de César (le  patron) ?
CONCLUSION
Au lu de ce qui  précède, que penser de la mise en accusation de M. X ? Il s'en sortira  assez  facilement car ses avocats, qui seront sûrement parmi les meilleurs de France,  sauront jouer la carte de la mauvaise interprétation de ses dires. C'est  peut-être vrai. Reste à prouver le contraire. 
Mais  alors, qui serait réellement à blâmer ? Inévitablement, c'est le système,  cette forme d'institution de sauvegarde des intérêts envers et contre tout…et tous ! 
Dans le cadre de  l'Intelligence en Management, et dans ce qui nous intéresse aujourd'hui, nous  pouvons remarquer l'absence du double rôle de l'Intelligence Empathique[28] :  
Ø   Quand la prise de décision est éthique : il est facile de se  représenter les difficultés de réinsertion professionnelle après un départ  volontaire. Mais les avantages donnés, aussi profitables que possible, sont-ils  réellement bien conçus ? Cependant, le droit au chômage, dans la plupart  des lois européennes, s'applique-t-il dans une démission volontaire ?
Ø   Quand la prise de décision est immorale, c'est-à-dire quand on force un  départ : peu se soucient de ce qui se passera après. L'important reste le  départ et les avantages gagnés par une démission forcée. Mais, après l'application de décisions stressantes ou  harcelantes, et que la démission est enfin signée, peu s'imaginent qu'elle sera  accompagnée d'un acte malheureux concernant la vie ou la santé de l'individu  concerné. 
Oui, l'Intelligence  Empathique ne joue plus son rôle quand il s'agit de confirmer et de protéger  les intérêts des entreprises, des actionnaires et de tous ceux qui profitent,  d'une manière comme d'une autre, de l'évolution financière de l'entreprise.  Car, notons-le avec force, le harcèlement voulu pour cause de départ, est une  technique à 360° puisque tous s'y mettent : les supérieurs, les subordonnés,  les pairs et, souvent, les partenaires économiques externes.
Ces individus, peut-être  caractérisés par un esprit sans scrupules, prisonniers du pouvoir de l'argent  et surtout soucieux « du pouvoir qu'ils  ont sur les hommes », ont-ils une âme ? Sont-ils humains ?  Regrettent-ils leur acte ? Ont-ils suffisamment conscience des  conséquences fâcheuses de ce qu'ils ont décidé ? Ont-ils des  remords ? Peut-être pas. 
Mais on leur trouvera  toujours une excuse…
Oui ! Jean-Jacques ROUSSEAU avait raison : plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien !
REFERENCES  BIBLIOGRAPHIQUES
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WEBOGRAPHIE
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Journal télévisé de TF1 et TF2 -  juillet/août 2012
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[1] Jean-Jacques ROUSSEAU – Rêveries  d'un promeneur solitaire.
[3] Ces entreprises sont citées dans  différents articles trouvés sur le net sous la rubrique harcèlement moral ou  stress. NDA.
[5] DERIOT G., Sénateur (2010) – Rapport d'information fait au nom de la  commission des affaires sociales par la mission d'information sur le mal-être  au travail – SENAT Session extraordinaire de 2009-2010. 
[6] idem
[7] DERIOT G., opcit
[8] André MALRAUX – La condition humaine -  http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/266
[9] KHADIGE C., - L'enfer, c'est les autres. Le côté négatif de l'Intelligence  relationnelle – cgcjmk.blogspot.com.
[10] idem
[13] L'auteur tient à préciser que le  nom des entreprises citées sur Internet, portent délibérément une lettre W, M,  B etc. dans cet article. L'objectif n'est pas de porter ombrage à ces sociétés  qui, malgré des événements fâcheux, ont aussi un côté très humain, dont  malheureusement la presse ne fait que peu cas. NDA.
[14] WIKIPEDIA/http://fr.wikipedia.org/wiki/Peur
[15] idem
[16] Tiré du journal télévisé de TF1 et  TF2 - juillet/août 2012
[17] Idem.
[19] Christophe DEJOUX est l'auteur de nombreux  ouvrages à ce sujet, dont « Souffrance en France : La banalisation de  l'injustice sociale » et plus récemment de « Suicide et travail : que faire ? »  avec Florence Bègue (2009, éd. PUF).
8d237810a7/a/suicides-de-salaries-le-monde-du-travail-est-aujourdhui-un-lieu-devaste-christophe-de.html
[21]  DERIOT G., opcit
[22] Nous nous contenterons de traiter  les termes de méchanceté, de mal et de perversité dans le cadre du sujet de  notre article seulement. NDA
[23] Méchanceté  et perversité - http://www.philoflo.fr/resources/La+m$C3$A9chancet$C3$A9.pdf
[24] KHADIGE C., (2011) – Glossaire des qualificatifs  multidimensionnels de l'Intelligence – cgcjmk.blogspot.com
[25] KHADIGE C., - opcit
[26] DEJOUX C., opcit.
[27] idem
[28] Capacité à ressentir ce  que ressentent les autres, à se mettre en situation différente afin de prévoir,  comprendre et agir pour le mieux ou en fonction d'intérêts déterminés. (KHADIGE  C., Glossaire des qualificatifs multidimensionnels de l'Intelligence –  cgcjmk.blogspot.com)
 
